Aïe, ça fait mal : non seulement Jesse Jackson a pensé castrer Barack Obama, mais il l'a dit dans un micro allumé de Fox News. Le pasteur noir s'en est excusé plus tard, mais ses propos avaient de quoi sortir les électeurs américains de leur torpeur estivale.

«Je veux lui couper les couilles», a déclaré Jesse Jackson, candidat à la présidence en 1984 et 1988, figure importante du mouvement des droits civiques et supporteur officiel de Barack Obama.

Le pasteur de Chicago a fait cette déclaration dimanche avant une entrevue à Fox News, en s'adressant à voix basse à un autre invité. Il a présenté ses excuses à Barack Obama après avoir appris que Bill O'Reilly, animateur-vedette de la chaîne d'information, diffuserait ses propos dans le cadre de son émission.

«Je demande pardon pour ces propos privés enregistrés à mon insu par un micro allumé et qui auraient pu blesser», a d'abord déclaré Jesse Jackson dans un communiqué diffusé mercredi après-midi. Hier matin, le pasteur a continué à exprimer ses regrets sur plusieurs chaînes de télévision. «Sa campagne représente la rédemption de notre pays», a-t-il déclaré sur CNN.

Mais d'où vient le sentiment qui donne à Jesse Jackson l'envie d'émasculer Barack Obama? Et quel sera l'impact de sa sortie sur la campagne historique du candidat noir?

Dans sa conversation susurrée avec l'invité de Fox News, Jesse Jackson a reproché au sénateur de l'Illinois de prendre un ton condescendant pour parler aux Noirs. Il faisait notamment allusion à un discours prononcé par Barack Obama dans une église noire de Chicago à l'occasion de la fête des Pères. Le candidat avait profité de l'occasion pour dénoncer les pères absents «qui ont fui leurs responsabilités et se comportent comme des gamins, pas comme des hommes». «Vous et moi savons à quel point c'est vrai dans la communauté noire», avait-il ajouté.

Interviewé sur la chaîne ABC, Jesse Jackson a souhaité que Barack Obama parle avec «plus de passion» des «crises structurelles» qui minent la communauté noire.

L'ironie veut que cette controverse profite à Barack Obama. C'est du moins ce que disaient et écrivaient les commentateurs hier. «Barack Obama n'aurait pu trouver une meilleure façon de dire aux Blancs de la classe ouvrière qu'il n'est pas un leader noir comme Jesse Jackson», a déclaré l'analyste Chuck Todd sur la chaîne NBC.

Il faut comprendre que Jesse Jackson est impopulaire auprès de certains électeurs qui hésitent à voter pour Barack Obama, notamment à cause de l'appui du pasteur noir.

Le camp Obama, tout en acceptant les excuses de Jesse Jackson, a affirmé que le candidat démocrate continuera à parler de la responsabilité des pères. «Comme quelqu'un qui a grandi sans père à la maison, le sénateur Obama a écrit et tenu des discours pendant de nombreuses années sur le rôle des parents et sur les pères dans la vie de leurs enfants», a déclaré Bill Burton, porte-parole démocrate.

Faut pas oublier Hillary!La réunion, qui avait attiré 1000 donateurs dans un hôtel de New York mercredi soir, devait permettre de recueillir des fonds pour la campagne électorale de Barack Obama et rembourser les dettes contractées par Hillary Clinton. Le sénateur de l'Illinois a cependant commis un impair en oubliant de demander aux donateurs d'aider son ancienne rivale, avec laquelle il a fait la paix le mois dernier. Il serrait des mains, après son discours, quand un membre de son entourage lui a mentionné son oubli. Obama a donc dû retourner sur la scène pour plaider en faveur son ancienne rivale. «Vous trouverez une enveloppe sous votre chaise», a-t-il dit aux donateurs avant de leur demander d'aider la sénatrice de New York à éponger ses dettes, qui s'élèvent à plus de 20 millions de dollars. Hillary Clinton n'a pas semblé tenir rigueur à Barack Obama de son oubli. Les deux démocrates se sont retrouvés hier pour participer à d'autres réunions de collecte de fonds à New York, dont l'une était baptisée «Les femmes avec Obama».