Ingrid Betancourt, libérée mercredi après plus de six ans de captivité en Colombie, est arrivée vendredi avec ses enfants en France, où elle a été accueillie par le président Nicolas Sarkozy qui lui a fait part du bonheur de tout un pays de la revoir libre.

«Je rêve depuis sept ans de vivre ce moment. C'est un moment très, très émouvant pour moi: respirer l'air de la France, être avec vous», a déclaré Ingrid Betancourt, très émue, dans sa première déclaration sur le sol français.

Souriante, vêtue d'un tailleur pantalon bleu marine, elle a été la première à sortir de l'Airbus présidentiel arrivé en milieu d'après-midi sur l'aéroport militaire de Villacoublay, à l'ouest de Paris, en provenance de Bogota.

En bas de la passerelle, elle a donné l'accolade à Nicolas Sarkozy et embrassé son épouse, Carla Bruni, avant d'échanger quelques paroles en privé avec eux.

«Chère Ingrid, on attendait ça depuis longtemps», a déclaré M. Sarkozy au cours d'une brève cérémonie sur le tarmac, sous un soleil estival.

«C'est toute la France qui est heureuse que vous soyez là et c'est toute la France qui est impressionnée par la façon dont vous êtes revenue, avec ce sourire, cette force», a-t-il poursuivi.

«Bienvenue, la France vous aime!», a conclu M. Sarkozy.

Prenant à son tour la parole, Ingrid Betancourt a pris Nicolas Sarkozy par la main et lui a rendu hommage. «Je regarde cet homme extraordinaire qui a tant lutté pour moi et je regarde aussi à travers lui toute la France».

«Je dois tout à la France», a-t-elle assuré, en remerciant aussi «Dieu et le ciel».

«J'ai beaucoup pleuré de douleur et d'indignation. Aujourd'hui je pleure de joie», a-t-elle encore dit, des sanglots dans la voix, sous les applaudissements.

Elle a aussi estimé que «la stratégie» mise au point pour sa libération avait été «le fruit de la réflexion commune» de la Colombie et de la France.

Mme Betancourt est arrivée avec ses enfants, Mélanie, 22 ans, et Lorenzo, 19 ans, son ex-mari Fabrice Delloye, ainsi que sa soeur Astrid, qui étaient allés la chercher en Colombie avec le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

Une réception était prévue en fin de journée au palais de l'Elysée, à laquelle ont été conviés ses comités de soutien, des personnalités du spectacle et de la chanson et de nombreux hommes politiques.

Ingrid Betancourt, ancien otage des Farc, âgée de 46 ans, doit subir samedi des examens médicaux à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, pour prendre la mesure des conséquences physiques de ses six ans et quatre mois de détention dans la jungle colombienne aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie.

Le médecin-chef de l'Elysée, qui se trouvait dans la délégation, l'a déjà examinée et a conclu à un «état de santé satisfaisant».

Depuis sa libération, elle est apparue rayonnante, alors qu'elle a expliqué avoir été gravement malade pendant sa détention.

Ingrid Betancourt, que l'on a vue plusieurs fois en train de prier après sa libération, a affirmé qu'elle allait rencontrer le pape Benoît XVI la semaine prochaine. Le Vatican a toutefois précisé que la date de la rencontre n'avait pas encore été fixée.

En France, de nombreuses manifestations sont prévues en son honneur.

Ingrid Betancourt avait acquis la nationalité française en épousant Fabrice Delloye, le père de de ses deux enfants, dont elle a divorcé depuis. Elle a passé une partie de son enfance à Paris où son père, diplomate, était en poste, avant d'y faire des études.

Elle a été libérée mercredi par l'armée colombienne avec 14 autres otages, trois Américains et onze militaires et policiers colombiens, lors d'une opération héliportée de l'armée colombienne.

Selon la Radio Suisse Romande (RSS), des membres des Farc auraient touché 20 millions de dollars pour trahir leur camp et préparer l'opération de l'armée colombienne.