Le président français Nicolas Sarkozy a affiché sa «détermination intacte» à poursuivre la «lutte contre le terrorisme» aux côtés de Washington après la mort de 10 soldats français dans une embuscade tendue par des talibans en Afghanistan, où il devait se rendre mardi soir.

M. Sarkozy, qui avait manifesté son appui aux États-Unis en décidant en avril d'envoyer 700 soldats supplémentaires en Afghanistan, est immédiatement monté en première ligne après l'annonce de ces pertes subies au cours d'une embuscade «d'une extrême violence», non loin de Kaboul.

«Dès ce soir, je me rendrai en Afghanistan pour (...) assurer (aux militaires français engagés, ndlr) que la France est à leurs côtés», a déclaré M. Sarkozy dans un communiqué. Il devait être accompagné du ministre de la défense Hervé Morin.

«Ma détermination est intacte. La France est résolue à poursuivre la lutte contre le terrorisme, pour la démocratie et la liberté», a déclaré M. Sarkozy. «La cause est juste, c'est l'honneur de la France et de ses armées de la défendre», a-t-il ajouté.

Le chef de l'État, qui est le chef des armées en France, a confirmé le bilan de dix soldats français tués. Vingt-et-un autres ont été blessés, mais leurs jours ne sont pas en danger.

Il s'agit de la journée la plus meurtrière pour l'armée française depuis l'attentat, à Beyrouth en 1983, au cours duquel 58 parachutistes avaient été tués, selon des sources militaires françaises.

«Dans son combat contre le terrorisme, la France vient d'être durement frappée», a encore dit M. Sarkozy.

L'annonce de la mort des dix soldats a suscité un choc en France, et faisait mardi à la mi-journée l'ouverture des journaux d'informations à la radio et la télévision.

Ces pertes françaises sont les premières depuis le renforcement de la présence militaire de la France en Afghanistan annoncée par M. Sarkozy au sommet de l'OTAN à Bucarest en avril.

Cette décision avait été vivement critiquée par l'opposition de gauche, qui avait estimé que l'envoi de renforts risquait de précipiter la France dans une guerre menacée d'enlisement et ne faisait qu'illustrer «l'atlantisme» qu'elle reproche au président français, un «ami» du président George W. Bush.

En comptant les personnels engagés hors d'Afghanistan, mais dans des missions en relation avec ce théâtre, le dispositif français comporte désormais plus de 3.600 militaires.

En décembre dernier, M. Sarkozy s'était rendu à Kaboul pour une visite éclair aux troupes françaises, en expliquant que le monde «ne pouvait pas» perdre la guerre contre le terrorisme en Afghanistan.

Il avait réaffiché sa détermination en juillet à Paris lors d'une rencontre avec le candidat démocrate à la présidence des États-Unis, Barack Obama.

La décision d'envoi de renforts français est une «décision stratégique» pour «que le Moyen Age ne revienne pas en Afghanistan, et «nous sommes aux côtés de nos alliés», avait-il alors expliqué.

Cette décision «que j'ai mûrement réfléchie, c'est une décision difficile, et que l'on a expliquée aux Français». «Nos alliés doivent savoir que c'est un engagement, et il se joue là-bas une partie extrêmement importante», avait dit M. Sarkozy.

En Afghanistan, «nous luttons contre le terrorisme qui menace nos démocraties», a déclaré mardi M. Morin. Dans ce pays «se joue une partie de la sécurité du monde. Malgré les épreuves, je reste convaincu que nous réussirons», a dit le ministre de la Défense.

La France «continuera d'assumer ses responsabilités en faveur d'un Afghanistan démocratique et pacifié et dans la lutte contre le terrorisme», a assuré de son côté le chef de la diplomatie Bernard Kouchner.