Un tapis de boue séchée recouvre encore la ville des Gonaïves. Non loin de là, Ennery, un village reculé dans les montagnes, ressemble à une carrière de pierres. Cinq mois après le passage successif de quatre ouragans et cyclones meurtriers, la vallée de l'Artibonite a des cicatrices bien visibles.

Hier, avec des journalistes, la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, a survolé en hélicoptère cette région considérée comme le grenier d'Haïti. Elle n'a pu retenir ses larmes. Gonaïves est devenue grise en raison de toute cette boue séchée. Ses montagnes environnantes sont nues. Les arbres ne couvrent plus que 1,5% de la superficie d'Haïti. C'est pourquoi même des pluies modérées font déferler sur les villes des torrents de boue et de pierre. Imaginez lorsque quatre tempêtes tropicales se déchaînent sur le pays en un mois, comme ce fut le cas entre la mi-août et la mi-septembre.

 

L'hélicoptère s'est posé dans un terrain vague d'Ennery, au milieu des ronces, pour permettre à Mme Jean de rencontrer des paysans qui ont perdu leurs dernières récoltes. «Si je n'avais pas eu de nouvelles semences après les cyclones, mes sept enfants seraient morts de faim. On n'a rien d'autres que ce bout de terre», a dit une paysanne, Roseline Estémil Aliné. Le Canada, par le truchement de l'ACDI, a financé une ONG locale pour distribuer des semences et des vaches aux paysans de ce village.

Avec la crise économique qui secoue le monde entier, «garder Haïti à l'agenda sera vraiment essentiel», a dit Mme Jean, hier, au quatrième et dernier jour de sa visite officielle dans son pays d'origine. Haïti fait des progrès, notamment au chapitre de la sécurité, mais les besoins restent énormes, selon la gouverneure générale.