À l'instar de la presse américaine, les médias du monde entier, à quelques exceptions près, saluaient mercredi l'investiture «historique» de Barack Obama et sa volonté de changement, mais s'interrogeaient sur sa capacité à ne pas décevoir l'espoir qu'il a suscité.

«Le président Obama promet une Amérique renouvelée», écrit le New York Times, en saluant «un moment de portée historique».

«Une nouvelle ère de responsabilité», écrivait le Chicago Tribune, reprenant une des idées force du discours d'investiture qui, selon le journal, peut être lue, en creux, comme une critique des deux mandats de George W. Bush.

Moins enthousiaste, le China Daily, quotidien officiel chinois en anglais, louait l'héritage du gouvernement Bush en matière de relations sino-américaines et s'inquiétait de savoir si «le nouveau président allait ignorer les progrès durement accomplis dans les liens bilatéraux».

Le quotidien japonais Asahi Shimbun (centre) parle d'«espoir éclatant» mais prévient: «Ce que les gens attendent de lui désormais, au-delà des beaux discours, ce sont des résultats».

Même ton dans la presse polonaise qui se demande si Obama sera capable de répondre aux attentes du monde: «Avant de devenir des icônes, les grands prédécesseurs d'Obama (...) étaient d'abord de grands dirigeants. Obama est déjà une icône. Il lui reste à prouver qu'il est un grand dirigeant», écrit Rzeczpospolita.

La presse française titre elle aussi sur «l'espoir». Libération (gauche) considère qu'il s'est posé «en président de crise, ouvrant "l'ère des responsabilités"».

«Rebâtissons l'Amérique», titre en Une Le Figaro (droite). «Enfin les difficultés commencent», estime le quotidien, soulignant que le président aura «la lourde tâche d'empêcher le déclin économique des Etats-Unis et l'effondrement de l'économie mondiale».

A Londres, la plupart des journaux soulignent l'espoir de renouveau, pour ne pas dire de «rupture» avec l'administration Bush.

«Le travail, en faisant les choses différemment, commence maintenant», estime The Guardian. Le Financial Times considère que Barack Obama «a fait la démonstration qu'un nouveau leader est né».

La presse russe est unanime dans son enthousiasme. «Barack Obama en route pour l'Histoire», titre l'indépendant Kommersant tandis que Vremia Novosteï salue le fait qu'il ait «tendu la main aux vieux amis et aux ennemis d'antan».

A Jérusalem, Haaretz invite les Israéliens, «saoulés par la force de leur intervention à Gaza», à réfléchir à ces «paroles sobres» d'Obama : «Notre pouvoir seul ne peut pas nous protéger et ne nous autorise pas à faire ce que nous voulons».

En Syrie, les trois journaux officiels ont relaté la cérémonie sans commentaires.

En Irak, la discrétion était également de mise. Seul le quotidien Badr, organe du CSII (Conseil suprême islamique d'Irak - chiite) formule l'espoir que le nouveau président «accordera une attention particulière à l'Irak et mènera à bien l'ambition américano-irakienne en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme».

Dans le Golfe et en Arabie saoudite, la presse salue les espoirs suscités par Obama mais souligne qu'il «ne compromettra pas l'alliance stratégique de son pays avec Israël».

Les journaux arabes de la région expriment toutefois l'espoir, comme la Saudi Gazette, qu'après «huit années d'engagement américain catastrophique» Washington fera preuve d'une approche «plus équilibrée et plus intelligente» dans la région.

C'est également le voeu qu'exprime, dans un registre plus général, Le Temps de Genève: «Remplacer le cynisme par la réconciliation, le dogmatisme par l'efficacité, l'arrogance par la générosité, la crainte par l'espoir».

Ou le Business Day de Johannesburg pour qui le discours d'Obama avait «une note conciliante, qui contrastait avec le ton belliqueux» de George Bush.

Enfin, à Bucarest, Sofia ou La Haye, les éditoriaux retiennent l'invitation à «reprendre le travail». «Il va devoir salir ses belles mains», lance le quotidien populaire néerlandais De Telegraaf.