L'opération charme du président américain Barack Obama, qui souhaitait convaincre ses alliés européens d'envoyer de nouvelles troupes au front en Afghanistan, n'a pas atteint sa cible.

À l'issue du sommet de l'OTAN, ponctué par plusieurs altercations de rue entre opposants et policiers, une dizaine de pays membres de l'organisation transatlantique se sont engagés samedi à envoyer un total de 5000 hommes de plus dans le pays.

Ce contingent servira à soutenir la formation de l'armée afghane et les services de sécurité pour l'élection prévue en août, laissant le gros de la lutte contre les insurgés talibans aux troupes des États-Unis et à une poignée de pays, dont le Canada.

M. Obama a malgré tout salué l'effort annoncé comme un «investissement important» en vue de restaurer la stabilité en Afghanistan, prévenant au passage qu'il faudra «plus de ressources» pour atteindre les objectifs fixés.

Le premier ministre canadien Stephen Harper a déclaré à l'issue du sommet qu'il était prévisible que les pays européens refusent d'envoyer de nouvelles troupes de combat.

«J'aimerais en voir plus, mais je pense que nous avons vraiment obtenu aujourd'hui ce que nous pouvions espérer», a-t-il déclaré.

Le président américain avait insisté dans les derniers jours sur le fait que le conflit en Afghanistan n'était pas une guerre américaine et concernait aussi directement l'Europe en raison de la menace terroriste que pose Al-Qaeda.

Tant la France que l'Allemagne, qui accueillaient conjointement le sommet, ont insisté sur la nécessité de «l'afghanisation» du conflit et sur leur volonté de renforcer l'armée et la police locale, évitant d'évoquer la volonté américaine d'obtenir d'autres troupes de combat.

Nomination

Donnant un autre signe de divergence, les membres de l'OTAN ont peiné jusqu'à la dernière minute pour s'entendre sur l'identité du successeur du secrétaire général de l'organisation, Jaap de Hoop Schaeffer.

Vendredi, la chancelière allemande Angela Merkel s'était dite persuadée que les chefs d'États réussiraient durant leur rencontre de travail de la soirée à s'entendre sur la nomination du premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen. Le gouvernement turc s'y est cependant opposé, forçant le report de la discussion à samedi matin.

Il aura finalement fallu une intervention du président américain pour lever les réserves d'Ankara, qui reproche notamment à M. Rasmussen de ne pas avoir présenté d'excuses pour la controverse liée à la publication de caricatures de Mahomet.

Les pays membres de l'organisation atlantique, qui soulignait son 60e anniversaire, ont aussi approuvé l'idée de relancer formellement les discussions avec la Russie, mise au ban l'année dernière à la suite de son intervention militaire en Géorgie.

M. Harper a assuré qu'il ne serait pas approprié de parler de « réconcialition » avec le gouvernement russe, mais plutôt d'une «reprise de dialogue».

En marge de ces discussions, des affrontements musclés sont survenus tout au long de la journée entre les 10 000 policiers déployés à Strasbourg et des manifestants anti-OTAN.

Manifestations

Dès l'aube, plusieurs groupes ont tenté de pénétrer dans la zone sécurisée au coeur de la ville, jouant au chat et à la souris avec les forces de l'ordre. Vers 8 h, un groupe d'une centaine de manifestants qui avait réussi à passer les barrières, faisant fi du gaz lacrymogène, a réussi à se rendre dans la vieille ville pour dénoncer «le terrorisme légal» pratiqué par l'OTAN.

Ils ont rapidement été entourés par un contingent de policiers deux fois plus nombreux, appuyés par des dizaines de véhicules de police et des camions armés de canons à eau, qui les ont repoussés hors du secteur sécurisé.

Des incartades similaires ont continué durant tout l'avant-midi, perturbant les services de transport, avant que les choses ne dégénèrent en début d'après-midi à proximité du pont de l'Europe reliant Strasbourg à l'Allemagne. Des manifestants cagoulés et armés de barres de fer ont mis le feu à plusieurs bâtiments, dont un hôtel et un ancien poste de douane, avant de battre en retraite.

Plusieurs dizaines d'arrestations ont été signalées dans la journée, s'ajoutant aux centaines effectuées par les autorités dans les jours précédant le sommet. Plusieurs blessés ont aussi été relevés par les autorités sanitaires.