Les ministres des Affaires étrangères du G8 se retrouvent jeudi soir à Trieste (Italie) pour une réunion largement dominée par la crise iranienne qui devrait déboucher sur une condamnation ferme du régime de Téhéran.

«Nous adopterons une position particulièrement dure et claire devant le monde» sur ce qui se passe en Iran, a affirmé, en arrivant à Trieste, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, dont le pays préside le G8 (Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, France, États-Unis, Canada, Japon, Russie).

Il s'est dit convaincu que la Russie «apportera son soutien» à cette position.

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a pour sa part souligné que la France était l'un des pays «les plus fermes» à l'égard de l'Iran, tout en notant qu'«entre ingérence et inaction, la marge est étroite».

«Au G8 ce soir, nous essayerons. Le texte est à l'étude et il n'y a pas que des gens qui sont partisans de condamner, mais il y a aussi une nécessité de produire à Trieste un texte ferme, nous le ferons», a-t-il déclaré avant de quitter Paris.

La Russie a jusqu'à présent adopté une ligne beaucoup moins dure que les Occidentaux sur la crise iranienne qu'elle considère comme «une affaire intérieure».

«La valeur de la vie est plus importante que d'éventuels accords bilatéraux avec l'Iran et je crois que la Russie n'aura pas de difficulté à appuyer une position commune», a cependant estimé M. Frattini.

Le secrétaire d'État adjoint aux Affaires politiques William Burns, numéro trois du département d'État américain, qui remplace Hillary Clinton blessée, doit avoir une rencontre bilatérale avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov jeudi soir à Trieste, selon une source américaine.

«La main tendue des États-Unis, que nous avons soutenue, ne peut nous revenir ensanglantée», a lancé M. Frattini.

Au moins 17 Iraniens ont été tués et plusieurs centaines arrêtés depuis le début des troubles qui ont suivi la réélection contestée du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Le ministre italien a également souhaité une position commune de l'Union européenne sur l'accueil par les ambassades des «personnes en fuite et qui ont besoin de soins médicaux» à la suite de la répression en Iran.

Javier Solana, haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, et le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Kohout, doivent assister à la réunion qui devait à l'origine être largement consacrée à l'Afghanistan.

L'Iran, pays voisin de l'Afghanistan, avait été invitée à Trieste par l'Italie avec le feu vert de Washington avant que les troubles n'éclatent.

Las d'attendre une réponse à son invitation, Rome l'a finalement retirée avant que Téhéran ne confirme qu'il serait absent.

Le G8 se penchera vendredi après-midi sur le cas de l'Afghanistan: la sécurité des frontières, le trafic de drogue, le développement des infrastructures, les réfugiés et la sécurité alimentaire seront les thèmes débattus.

La situation au Proche-Orient où les négociations entre Israéliens et Palestiniens n'ont toujours pas repris depuis la victoire de la droite aux élections sera aussi discutée vendredi lors d'une réunion du Quartette (États-Unis, Union européenne, Russie et ONU).

M. Frattini a souhaité que le Quartette soutienne «la conférence sur le Proche-Orient que Moscou a proposé d'accueillir» afin de relancer le processus de paix.

Le G8 de Trieste se terminera samedi à mi-journée par une déclaration finale.