Les résidants du nord de Los Angeles vivaient hier leur cinquième journée sur le qui-vive en observant le feu qui gagnait du terrain d'heure en heure. Plusieurs foyers dans la forêt nationale d'Angeles menaçaient les résidences, particulièrement à La Crescenta dans le comté de Los Angeles.

Lors du passage de La Presse dans ce quartier du nord de la métropole californienne, les policiers sillonnaient les rues pour ordonner aux résidants d'évacuer. Mais peu suivaient cet ordre.

 

«Après cinq jours, on est moins nerveux. J'ai évacué deux fois, maintenant je reste. Je fais totalement confiance aux pompiers», expliquait John Kornarins en regardant le progrès des flammes dans le canyon derrière chez lui.

Un incendie contenu et surveillé par des pompiers et les habitants de la zone menacée, mais à la merci du moindre changement de direction du vent. «Même si je ne suivais pas l'ordre d'évacuation, je suis totalement prêt à partir. La maison est sécurisée, les souvenirs, photos, dossiers importants, jeux des enfants et vêtements sont dans la voiture. Si notre vie est en danger, nous partons», ajoute John en sirotant un café glacé.

D'ailleurs, quelques mètres à l'ouest, à Glendale, d'autres foyers étaient plutôt hors de contrôle et inquiétaient les résidants rassemblés pour regarder la progression des flammes. En 30 minutes, un réservoir d'eau à environ 2 milles du lieu d'observation se faisait encercler par le feu.

Victor, qui habite les environs depuis maintenant 47 ans, se souvenait du dernier incendie dans la région, en 1974. «Les autorités sont maintenant mieux préparées et équipées, mais les ordres d'évacuation nous laissent perplexes et changent d'un comté à l'autre alors que nous habitons dans la même rue. Ce n'est pas très rassurant», lance-t-il.

Solidarité

Ce dernier soulignait l'importance de l'internet et particulièrement du réseau social Facebook qui lui permettait d'échanger de l'information avec les résidants des autres quartiers touchés. «On a ainsi pu se rassurer, s'organiser et cimenter notre solidarité.»

Les résidants appréhendaient la nuit qui rend possible l'avancée du feu. «Les hélicoptères ne peuvent pas voler durant la nuit, les flammes prennent donc de l'ampleur malheureusement, c'est huit heures de perdues», explique Victor. «On dort peu, on s'est fait réveiller la nuit dernière par les autorités pour évacuer, mais c'était une erreur», ajoute sa voisine Berta.

Si les messages contradictoires des autorités et le manque de fonds d'un État californien en quasi-faillite augmentent le cynisme des citoyens, ces derniers font entièrement confiance aux pompiers qu'ils considèrent comme des héros. «Ces hommes qui viennent de partout, de l'Arizona, de l'État de Washington font un travail extraordinaire», tient à souligner Victor.

Si les résidants de La Crescenta et de Glendale gardent le moral en apparence, la tristesse et l'angoisse émergent à travers les blagues. Ils savent que chaque fin d'été, la forêt totalement asséchée par des mois sans pluie va brûler quelque part. Quand leur tour arrive, ils ne sont jamais complètement préparés et martèlent qu'ils n'évacueront qu'à la dernière minute.

«Ce qui me rend le plus triste, c'est de savoir que je ne verrai plus la belle forêt de ma maison, mais un paysage gris et noirci par ce feu», conclut Berta, la gorge serrée.

 

L'incendie en chiffres

> 2 pompiers morts

> 5 personnes prisonnières des flammes dans un ranch à Gold Creek après avoir refusé d'évacuer

> 2700 pompiers mobilisés

> 5% du brasier maîtrisé

> 34 000 hectares détruits

> 53 habitations détruites

> 21 000 habitations et édifices menacés

> 4 comtés où l'état d'urgence a été déclaré.

Sources: NBC, ABC, CBS