Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté vendredi une résolution qui approuve un rapport dénonçant des crimes de guerre lors du conflit à Gaza l'hiver dernier et renvoie de facto le dossier au Conseil de sécurité à New York.

L'adoption, votée à une faible majorité des 47 pays membres du Conseil, a provoqué un tollé du côté d'Israël tandis que l'Autorité palestinienne et le Hamas ne cachaient pas leur satisfaction.

Cette résolution «entrave les efforts pour promouvoir la paix au Proche-Orient», a averti le ministère israélien des Affaires étrangères, dénonçant «un encouragement pour les organisations terroristes dans le monde entier».

De son côté, l'Autorité palestinienne, à l'origine de la résolution, s'est félicitée du vote obtenu grâce au soutien des pays musulmans, non-alignés et africains, majoritaires au Conseil.

«Nous espérons maintenant que le rapport sera porté devant le Conseil de sécurité» de l'ONU, a déclaré à l'AFP le négociateur palestinien Saëb Erakat.

Quant au mouvement islamiste Hamas, rival de l'Autorité palestinienne et qui contrôle la bande de Gaza, il a espéré «que ce vote conduira à un procès des chefs de l'occupation (israélienne)».

Le satisfecit des Palestiniens est d'autant plus marqué qu'il y a deux semaines, le Conseil des droits de l'homme avait décidé de reporter de six mois l'examen du rapport produit par le juge sud-africain Richard Goldstone et qui accuse l'armée israélienne ainsi que les militants palestiniens d'avoir commis «des crimes de guerre» et «de possibles crimes contre l'humanité» durant l'offensive israélienne à Gaza de décembre-janvier.

La décision avait été soutenue alors par l'Autorité palestinienne. Mais elle s'est avérée politiquement catastrophique pour le président palestinien Mahmoud Abbas qui a finalement opéré un revirement et réclamé une session au plus vite auprès de l'organe genevois.

À l'issue de deux jours mouvementés, la résolution palestinienne a été adoptée par 25 voix contre six (dont les États-Unis) et onze abstentions. La France et le Royaume-Uni ont refusé de participer.

La résolution «apporte son soutien aux recommandations» du rapport Goldstone, approuvant la demande d'enquêtes indépendantes des deux protagonistes pour punir les responsables d'exactions. Elle appelle également «toutes les parties concernées, dont les organes de l'ONU, à assurer» son application «en accord avec leurs mandats respectifs».

Ce qui signifie que la résolution renvoie le rapport Goldstone aux instances onusiennes, Assemblée générale et surtout Conseil de sécurité, censé, selon les recommandations, saisir le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) en cas d'échec des enquêtes.

De nombreux pays, dont l'Union européenne et les États-Unis, sont montés au créneau pour empêcher une telle éventualité, craignant qu'elle ne complique les fragiles tentatives de paix entre Israéliens et Palestiniens.

À Washington, le porte-parole du département d'État, Ian Kelly, a estimé que la résolution ne signifiait pas que le rapport serait automatiquement transmis au Conseil de sécurité. «Les membres du Conseil peuvent décider de l'ordre du jour», a-t-il déclaré.

Dans un courrier signé par le président français Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique Gordon Brown, Paris et Londres ont demandé à Israël d'ouvrir une enquête «transparente et indépendante» sur les événements de Gaza et d'en partager les résultats avec eux.

L'offensive israélienne contre la bande de Gaza a fait plus de 1400 morts palestiniens, en majorité des civils, selon des sources médicales palestiniennes. Côté israélien, dix militaires et trois civils ont été tués, selon les chiffres officiels.