Les États-Unis doivent se montrer plus actifs et ouverts s'ils ne veulent pas perdre leur prééminence en Asie-Pacifique au bénéfice de la Chine, dont l'influence ne cesse de s'affirmer, ont affirmé samedi des dirigeants de l'Apec.

L'appel à «un rééquilibrage» de l'économie mondiale a été lancé à plusieurs reprises en marge de la réunion à Singapour des 21 pays des deux rives du Pacifique qui s'achève dimanche.

L'affichage public de cette nouvelle priorité met la pression sur le président Barack Obama qui, arrivé samedi soir à Singapour, a affirmé à Tokyo l'engagement des États-Unis à «travailler en partenariat» avec les pays de la région.

Mais, au-delà des formules, les dirigeants ont indiqué attendre des actes. Notamment sur le dollar, dont la faiblesse persistante a été montrée du doigt par les ministres des Finances de la Thaïlande, de la Nouvelle-Zélande ou du Chili, dont les exportations souffrent.

Washington a également été appelé à donner des gages contre le protectionnisme. «Le président Obama est confronté à de fortes contraintes politiques qui contredisent le libre-échange», a déploré samedi son homologue mexicain, Felipe Calderon, en faisant allusion aux pressions exercées par le Congrès.

Les dispositions dites «achetez américain» accompagnant le plan de relance de 787 milliards de dollars figurent au premier rang des motifs d'irritation des partenaires des États-Unis.

À cela s'ajoutent plusieurs différends bilatéraux, comme celui des droits de douane sur des produits chinois ou les retards de l'accord de libre-échange entre Washington et Séoul.

Le premier ministre malaisien, Najib Razak, a appelé M. Obama à suivre l'exemple de son prédécesseur. «Ce que j'aimais dans la politique étrangère du président (George W.) Bush, c'était qu'elle était très favorable au libre-échange. J'espère que le même message sera répété».

Pour sa part, le chef du gouvernement thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, a exprimé son souhait que les dirigeants de l'Apec «encourag(ent) les États-Unis à prendre un rôle de leader pour assurer le succès (des négociations commerciales) de Doha et (du sommet sur le climat) de Copenhague».

Devenue le centre de gravité de l'économie mondiale, l'Asie compte de moins en moins sur les États-Unis pour conduire la reprise.

Forte d'une croissance attendue de 8% cette année, la Chine a, en partie, pris le relais, ce qui aide des pays comme l'Australie, l'Indonésie ou Singapour à remonter la pente.

Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono s'est ainsi félicité que «les échanges sino-indonésiens aient dépassé leur objectif de 30 milliards de dollars en 2008».

Pékin courtise avec attention les pays d'Asie du Sud-Est, notamment en signant des accords commerciaux.

Cet engagement est mené dans un contexte de volonté affichée de rapprochement des nations d'Asie-Pacifique, qui compte 2,6 milliards d'habitants et pèse plus de la moitié du PIB mondial.

Pour M. Obama, l'un des enjeux est de s'assurer que ces alliances ne se construisent pas sans les États-Unis, comme le prévoit celle qui a été évoquée pour l'Asie de l'Est par le premier ministre japonais Yukio Hatoyama.

Le président américain a ainsi proposé samedi de s'appuyer sur un obscur pacte commercial, le Trans-Pacific Partnership (TPP), qui compte actuellement quatre pays, pour lancer une «plate-forme» d'intégration des économies d'Asie-Pacifique.

Cette initiative a été notamment approuvée par le ministre australien du Commerce, Simon Crean, qui y voit «un signe de l'engagement des États-Unis en Asie-Pacifique».