Le président du Zimbabwe Robert Mugabe s'en prenant à ses «ennemis néocolonialistes», le dirigeant libyen Moammar Kadhafi et ses soirées romaines en compagnies de centaines de jeunes femmes, l'épouse du président tunisien Zine el Abidine Ben Ali créant un embouteillage pour aller faire du shopping Via Condotti: ces images de certains des dirigeants à Rome pour le sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire ont suscité les critiques de ceux qui estiment que ce grand raout dure trop longtemps, coûte trop cher, et ne sert à rien.

Deux heures à peine après son ouverture lundi, le sommet était déjà considéré comme un échec, les 192 pays participants refusant l'appel de l'ONU à s'engager financièrement pour soulager le sort d'un milliard d'affamés dans le monde.

Une décision «regrettée» par la puissance invitante, le directeur de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, Jacques Diouf, qui n'a pas caché sa frustration.

L'ONU demandait aux Etats de consacrer 17% de leurs budgets d'aide internationale au développement agricole, une enveloppe estimée en tout à 44 milliards de dollars

Aucun des dirigeants du groupe des huit pays les plus industrialisés de la planète n'assiste au sommet, hormis Silvio Berlusconi, qui lui est chez lui... «Il y a un décalage très net entre ce que disent les gouvernements, au moins ceux des riches, et ce qu'ils font», déplorait Flavio Valente, un militant participant au sommet parallèle des ONG.

Mardi, la salle n'était pas comble lorsque Robert Mugabe s'en est pris mardi aux «interventions hostiles» de ses «ennemis néocolonialistes», responsables selon lui de la débâcle économique zimbabwéenne. Dans le plus grand silence, il a défendu sa réforme agraire, qui ont plongé la population zimbabwéenne dans la famine.

Les principaux responsables zimbabwéens font l'objet de sanctions, leurs avoirs sont gelés et ils n'ont pas le droit de voyager. Une interdiction qui ne s'applique pas aux sommets de l'ONU. Du coup Mugabe a assisté à plusieurs sommets de la FAO. Selon la presse italienne, il était accompagné d'une délégation de plus de 60 personnes, la plupart sur la liste des sanctions, et profitant de l'occasion pour venir en Europe...

Mugabe «se balade autour du monde en assistant à des conférences onusiennes, et bien entendu en profitant de la nourriture qu'une bonne partie de sa population ici gratte au fond des casseroles», a dénoncé John Makumbe, politologue à l'Université du Zimbabwe. «C'est un voyage de shopping, en profitant de l'ONU pour aller en Europe».