La Convention des droits de l'enfant a 20 ans. Bien qu'ils soient plus nombreux à aller à l'école et que moins d'entre eux meurent en bas âge, après deux décennies, il reste un milliard d'enfants à qui il manque un toit, de la nourriture et de l'eau potable, selon l'UNICEF. Il y a donc encore beaucoup à faire, estiment les spécialistes.

Le 20 novembre 1989, les dirigeants de la planète, sous l'égide de l'ONU, ont adopté un traité reconnaissant aux enfants le droit à la survie et au développement, à la protection contre la violence et l'exploitation, à la santé et à l'éducation, entre autres.

«Vingt ans plus tard, il y a encore dans le monde beaucoup trop d'enfants qui vivent dans la pauvreté, qui sont exploités et victimes d'abus ; beaucoup trop de fillettes utilisées comme esclaves sexuelles, contraintes au mariage forcé ; beaucoup trop d'enfants victimes d'agressions, de pornographie infantile», estime Samantha Nutt, fondatrice et directrice de l'organisme War Child Canada, elle-même spécialisée dans les droits de l'homme en zone de guerre.

«C'est un anniversaire important. Ça nous rappelle qu'il faut continuer le travail, ajoute-t-elle. Il y a eu du progrès, mais malheureusement pas autant qu'on l'aurait souhaité.»

Dans un rapport rendu public hier, l'UNICEF fait état des progrès accomplis depuis 20 ans. Le nombre d'enfants morts avant l'âge de 5 ans, par exemple, a chuté de 12,5 millions en 1990 à 8,8 millions en 2008, une baisse de 28%. Le nombre d'enfants qui fréquentent l'école a aussi augmenté, selon les chiffres de l'UNICEF. Quelque 84 % des petits d'âge scolaire seraient maintenant scolarisés. Davantage d'enfants ont aujourd'hui accès à l'eau potable, et la progression de certaines maladies, comme le VIH, a pu être ralentie.

En conférence de presse à New York, la directrice générale de l'UNICEF, Ann Veneman, a toutefois déploré qu'encore 24 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour de causes évitables, comme le paludisme ou la malnutrition. «Un milliard d'enfants sont privés d'un ou de plusieurs services essentiels à leur survie et à leur développement», peut-on lire dans le rapport de l'UNICEF, intitulé La situation des enfants dans le monde.

Réunis à Ottawa, hier et aujourd'hui, pour une Conférence internationale sur les droits de l'enfant, de nombreux spécialistes sont parvenus à la même conclusion : il faut redoubler d'efforts.

«Vingt ans, c'est entre l'adolescence et l'âge adulte. C'est un temps de transition entre les principes idéalistes et l'utilisation de la convention comme un outil», a souligné hier Kathy Vandergrift, présidente de la Coalition canadienne pour les droits des enfants.

Les États-Unis et la Somalie n'ont toujours pas ratifié la convention, rappelle pour sa part Samantha Nutt. Et le Canada n'a pas toujours été non plus un exemple à suivre, même s'il a signé le protocole sur les enfants-soldats.

«Comme dans le cas d'Omar Khadr, notamment, souligne Mme Nutt, il y a des exemples où, malheureusement, nous ne respectons pas les principes de la convention en matière de protection des droits politiques, civils, économiques, sociaux et culturels des enfants.» Fait prisonnier en Afghanistan à l'âge de 15 ans, en 2002, le jeune ressortissant canadien est toujours détenu à Guantánamo, sans jamais avoir subi de procès.

«Le défi, pour les 20 prochaines années, consistera à prendre appui sur les progrès déjà réalisés pour atteindre ces enfants dont les droits à la survie, au développement, à la protection et à la participation ne sont toujours pas respectés», conclut pour sa part Mme Veneman dans le rapport de l'UNICEF.

- Avec Associated Press