Son enlèvement en juin 2006 par des mouvements palestiniens avait déclenché une violente riposte de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, puis au Liban. Trois ans et demi plus tard, la libération du sergent Gilad Shalit fait actuellement l'objet d'intenses négociations entre Israël et les islamistes du Hamas. Prix demandé pour la libération du célèbre otage israélien: une centaine de prisonniers palestiniens.

Comment s'est déroulé l'enlèvement de Gilad Shalit?

Le 25 juin 2006, un commando palestinien enlève le tankiste de 20 ans à la frontière sud d'Israël. Trois jours plus tard, Israël lance une violente offensive sur la bande de Gaza pour le retrouver. Les bombardements ont lieu tout le mois de juillet. Le 12 juillet, le Hezbollah enlève deux soldats israéliens à la frontière israélo-libanaise. Le conflit entre l'État hébreu et le mouvement chiite présent au Liban durera jusqu'au 14 août. Plus d'un millier de civils, principalement du côté libanais, sont morts durant les combats.

Où en sont les négociations pour sa libération?

Des pourparlers ont lieu actuellement en Égypte entre Israël et le Hamas, qui contrôle Gaza et détient Shalit. «Israël et le Hamas ne se font pas confiance; l'Égypte est un terrain neutre», dit Pierre-Alain Clément, de l'Observatoire du Moyen-Orient à la chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques de l'UQAM. Le Hamas réclame la libération de centaines de prisonniers palestiniens en échange de celle du soldat Shalit.

La libération de centaines de prisonniers palestiniens inquiète-t-elle les Israéliens?

Selon la télé israélienne, Benyamin Nétanyahou a déclaré devant les parlementaires du Likoud qu'il était «confronté à un énorme dilemme». «D'un côté, je veux sauver une vie (celle de Shalit) et, de l'autre, je dois éviter de nouveaux enlèvements par les terroristes.»

Mais les prisonniers que libérerait Israël ne seront pas choisis au hasard. Lors d'échanges de prisonniers, dit Sami Aoun, de la chaire Raoul-Dandurand, «ceux qui ont été libérés étaient à la veille de l'être». «Ces prisonniers palestiniens sont aussi des prisonniers de guerre. Ils ne sont pas tous prisonniers de crimes ordinaires. Ce qui est un crime aux yeux d'Israël est perçu comme de l'héroïsme par les Palestiniens.»

Qu'a à perdre le Hamas dans ces négociations?

«Le Hamas va sortir gagnant en s'affirmant dans le district de Gaza, mais il va perdre beaucoup de son prestige, croit Sami Aoun. Il va apparaître comme un mouvement pragmatique comme les autres.»

Le nom du leader nationaliste palestinien Marwan Barghouthi a été évoqué parmi la liste des prisonniers à libérer. Que signifierait sa libération?

«Le Hamas lance une bouée de sauvetage à son rival, le Fatah, pris dans une crise existentielle», dit M. Aoun. Le président Abbas n'a pas l'intention de se représenter aux élections. «Marwan Barghouthi est une figure montante qui bénéficie du respect de la population palestinienne. Le Hamas pense peut-être que Barghouthi pourrait radicaliser le Fatah. Mais il se peut que ce soit le contraire: il pourrait provoquer l'éclipse des islamistes avec son discours nationaliste qui rappelle plutôt l'âge d'or du Fatah, un mouvement semi-laïque, nationaliste palestinien. On ne sait pas comment il sortira de prison. Sortira-t-il avec plus de vigueur combative? Ou sortira-t-il à la Nelson Mandela, en faiseur de paix?»