La branche d'Al-Qaeda au Maghreb, qui détient six Européens en otage, a haussé le ton lundi en menaçant d'exécuter un Français enlevé fin novembre dans le nord désertique du Mali, si quatre de ses combattants détenus au Mali n'étaient pas libérés d'ici le 30 janvier.

«Aqmi demande aussi une rançon, beaucoup d'argent, pour libérer l'otage de la France. Ils (islamistes) demandent ça en plus de la libération de leursquatre prisonniers au Mali», a déclaré une source proche des intermédiaires négociant la libération du Français. Le montant n'a pas été précisé.

Ces menaces sont d'autant plus prises au sérieux que, début juin 2009, Aqmi avait annoncé avoir tué, pour la première fois, un otage occidental, le touriste britannique Edwin Dyer qu'elle détenait depuis janvier, Londres ayant refusé de céder au chantage des combattants islamistes.

«Le groupe a donné aux gouvernements français et malien une période de 20 jours pour relâcher les quatre prisonniers d'Aqmi (Al-Qaeda au maghreb islamique) au Mali, sans quoi (Pierre) Camatte sera exécuté», indique le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE.

Il cite un communiqué datant du 10 janvier et émanant de forums jihadistes.

«Que la France et le Mali soient informés que nous leur donnons 20 jours pour répondre à notre demande, sans quoi les deux gouvernements seront tenus entièrement responsables de la mort de l'otage français», selon une citation d'un autre site de surveillance, Intelcenter.

Selon une source sécuritaire malienne, les quatre prisonniers dont Aqmi exige la libération avaient été arrêtés «il y a quelques mois» lors d'une «opération de ratissage dans le nord» du Mali.

«Parmi eux, il y a une personne originaire du Burkina Faso, deux autres originaires de la Mauritanie et un Algérien», a ajouté cette source. Leur identité n'a pas été précisée.

Lundi en début d'après-midi, les autorités de Paris et Bamako n'avaient pas officiellement réagi à ces nouvelles exigences d'Al-Qaeda.

«Nous ne commentons pas de telles déclarations. S'agissant de la situation de notre compatriote, nous restons pleinement mobilisés», s'est borné à indiquer le ministère français des Affaires étrangères.

Agé de 61 ans et domicilié dans les Vosges, M. Camatte avait été kidnappé en pleine nuit dans un hôtel de Ménaka, au nord-est du Mali, près de la frontière nigérienne.

Le lendemain de l'enlèvement, la France avait appelé ses ressortissants  vivant dans le nord et l'est du Mali «à quitter immédiatement la zone en raison d'une nouvelle aggravation de la menace terroriste».

Ce rapt a été suivi des enlèvements en Mauritanie de trois humanitaires espagnols, le 29 novembre, et de deux Italiens le 17 décembre, dont une femme originaire du Burkina Faso.

Ils sont détenus par trois groupes différents dans le nord désertique du Mali, où circulent combattants islamistes, trafiquants de drogue et migrants clandestins, selon des sources sécuritaires maliennes et étrangères.

L'otage français est détenu par un groupe dirigé par l'Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, l'un des émirs les plus radicaux d'Aqmi et auteur de l'assassinat d'un otage britannique, selon ces sources.

Les trois Espagnols sont entre les mains de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, alias Belawar. Il serait réfugié dans des grottes dans une zone désertique malienne, non loin de la frontière algérienne.

Le couple italien serait, quant à lui, détenu par Abou Yaya Amane, un lieutenant de Abou Zeïd, voulant marquer son propre territoire.

Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini doit entamer lundi en Mauritanie une tournée africaine d'une semaine, qui le mènera jusqu'en Tunisie. «Naturellement, le ministre discutera avec les autorités en Mauritanie de la question des otages», a précisé son porte-parole.