Barack Obama a rompu hier l'ambiguïté entretenue par ses prédécesseurs à la Maison-Blanche sur les conditions dans lesquelles les États-Unis utiliseraient l'arme atomique.

Donnant le coup d'envoi à une semaine d'activités axées sur la diplomatie nucléaire, le président américain a dévoilé une nouvelle doctrine qui exclut pour la première fois le recours à l'arme ultime pour riposter à des attaques chimiques ou biologiques venant de pays ayant ratifié le Traité de non-prolifération nucléaire et qui le respectent.

 

«Notre sécurité nationale et celle de nos alliés et partenaires pourra être de plus en plus défendue par les capacités militaires conventionnelles sans égales de l'Amérique et une défense antimissiles forte», a déclaré le président Obama, qui s'est engagé en outre à ce que son pays renonce aux essais nucléaires et à la mise au point de nouvelles armes nucléaires.

La menace représentée par des pays comme l'Iran et la Corée du Nord empêche cependant les États-Unis de déclarer la dissuasion comme «le seul but des armes nucléaires», précise la nouvelle stratégie nucléaire, document que demande le Congrès à chaque nouvelle administration depuis 1991. Certains démocrates du Congrès et des experts progressistes auraient souhaité que la dissuasion soit déclarée l'unique but de l'arsenal atomique américain.

«Toutes les options sont sur la table lorsqu'il s'agit de pays de cette catégorie», a déclaré hier en conférence de presse le secrétaire à la Défense américain, Robert Gates, en faisant allusion à l'Iran et à la Corée du Nord.

Le président Obama a exprimé la même idée dimanche lors d'une entrevue au New York Times. «Je vais préserver tous les outils nécessaires pour assurer la sécurité du peuple américain», a-t-il dit.

Dans un communiqué diffusé hier, le chef de la Maison-Blanche a indiqué que la nouvelle doctrine nucléaire «reconnaissait que la plus grande menace aux États-Unis et à la sécurité mondiale n'est plus un affrontement nucléaire entre deux nations, mais le terrorisme nucléaire venant d'extrémistes violents et la prolifération nucléaire à un nombre croissant d'États».

Cette nouvelle stratégie nucléaire, basée sur la réduction du rôle de l'arme atomique dans la défense américaine, reflète l'engagement pris par le président Obama il y a un an à Prague en faveur de la dénucléarisation de son pays et du reste du monde.

Nouveau traité

Le dévoilement de la nouvelle doctrine nucléaire des États-Unis est survenu deux jours avant la signature, à Prague, d'un nouveau traité START de réduction des armements nucléaires par le président américain et son homologue russe Dmitri Medvedev. L'accord prévoit notamment la réduction d'environ un tiers des stocks russe et américain, qui passeraient chacun de 2200 ogives nucléaires à 1550.

Le président Obama accueillera par ailleurs à Washington, les 12 et 13 avril, une quarantaine de dirigeants du monde à l'occasion d'un sommet consacré à la sécurité et à la non-prolifération.

Plusieurs conservateurs ont critiqué la nouvelle doctrine nucléaire des États-Unis. L'ancien candidat à la présidence Rudolph Giuliani a notamment affirmé que cette stratégie était le fait d'un président «inapte» aveuglé par un «rêve de gauche», celui d'un monde sans armes nucléaires.