L'Australie a annoncé vendredi qu'elle refusait désormais d'examiner les demandes d'asile de réfugiés en provenance d'Afghanistan et du Sri Lanka, pour tenter de diminuer le flux de clandestins arrivant sur ses côtes.

L'Australie a annoncé vendredi qu'elle refusait désormais d'examiner les demandes d'asile de réfugiés en provenance d'Afghanistan et du Sri Lanka, pour tenter de diminuer le flux de clandestins arrivant sur ses côtes.

Le ministre de l'Immigration, Chris Evans, a déclaré que le gouvernement allait immédiatement suspendre l'examen de toutes les demandes d'asile d'Afghans et de Sri Lankais. «La décision a été prise à la lumière de l'évolution de la situation dans ces deux pays».

«Ce changement envoie un message fort aux passeurs car ils ne pourront plus garantir de visa pour leurs clients», a-t-il ajouté.

Le ministre des Affaires étrangères, Stephen Smith, a de son côté déclaré que la situation en Afghanistan, malgré l'insurrection des talibans alliés à Al-Qaeda, s'améliorait et que le Sri Lanka, après la fin du conflit contre la rébellion séparatiste tamoule, était dans une phase de transition.

Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), installé à Genève, a indiqué qu'il était lui aussi en train de réévaluer ses recommandations sur les demandeurs d'asile afghans et sri-lankais, soulignant notamment que la situation au Sri Lanka «est en train de changer».

«Beaucoup de déplacés internes ont maintenant pu retourner chez eux. Il y a une liberté de circulation», a expliqué une porte-parole Melissa Fleming. Jusqu'ici, le HCR avait pour règle de considérer les Tamouls comme des réfugiés. «Cela revenait à dire qu'aucun Tamoul ne pouvait être renvoyé de force».

En Afghanistan toutefois, «la situation est incroyablement plus complexe», a-t-elle estimé, tout en affirmant que le HCR «ne jugeait pas» la décision de l'Australie, que l'organisation est «en train d'examiner».

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a quant à elle estimé que la décision australienne «pourrait nuire aux personnes les plus vulnérables du monde».

«Cette décision est scandaleuse», estime Sam Zarifi, directeur d'Amnesty pour l'Asie Pacifique. Dans un communiqué émis depuis son siège à Londres, l'organisation souligne le risque que la mesure entraîne la «détention arbitraire de personnes possédant des raisons authentiques de demander une protection».

L'Australie est confrontée à une arrivée croissante sur ses côtes de réfugiés, qui tentent leur chance en embarquant d'Indonésie ou d'ailleurs en Asie sur des embarcations, souvent précaires.

Plus de 1.800 demandeurs d'asile ont été envoyés au cours des trois derniers mois dans les centres de rétention de Christmas, île australienne de l'océan indien, dans l'attente de l'examen de leur dossier.

Alors que des élections générales doivent se tenir en fin d'année,  l'immigration est un enjeu important pour le gouvernement travailliste de Kevin Rudd, dont la popularité a souffert dans les sondages notamment en raison de sa gestion de l'afflux de bateaux clandestins.