Les quotidiens israéliens reviennent vendredi avec force et détails sur le raid meurtrier mené lundi contre la flottille humanitaire internationale, sur les préparatifs de l'opération, son déroulement et les suites du «fiasco».

Des préparatifs au plus haut niveau de l'opération -baptisée Sea Breeze (Vent de Mer)- ont commencé dès le mois de février, révèle le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot.

Le chef de la marine de guerre, l'amiral Eliezer Marom, a monté deux cellules opérationnelles, l'une composée de militaires et l'autre comprenant  des juristes, des représentants des Affaires étrangères, d'agents du renseignement.

Dans un premier temps, les autorités israéliennes ont tenté d'empêcher le départ du convoi maritime pour Gaza par des voies diplomatiques, en multipliant les démarches auprès de la Turquie, mais en vain, souligne le Yediot.

Israël a également contacté l'Égypte qui a proposé de débarquer l'aide humanitaire au port d'El-Arish pour la transférer à Gaza, mais s'est heurté à un refus des organisateurs du convoi, selon le quotidien.

Seule Chypre a accepté de coopérer avec Israël, refusant aux navires du convoi d'accoster dans ses ports.

En vue de l'abordage, des informations ont été recueillies sur l'ONG islamiste turque IHH, qui a affrété le ferry Mavi Marmara, le plus grand des six navires de la «flottille de la liberté» pour Gaza.

C'est dans ce navire que se sont produits les affrontements sanglants qui ont fait neuf morts civils, 8 Turcs et un Américain, tués par des tirs de l'armée israélienne.

La décision ayant été prise au plus haut niveau d'intercepter le convoi et de l'acheminer au port israélien d'Ashdod (sud d'Israël), les commandos de la marine ont subi un entraînement spécial et ont été équipés d'armes anti-émeutes, en plus de leurs armes individuelles.

La décision d'aborder la flottille dans les eaux internationales a été prise par le chef des commandos de marine pour surprendre les militants pro-palestiniens avant la levée du jour, en dépit du risque qu'Israël puisse être accusé d'«acte de piraterie», selon le Yediot Aharonot.

L'amiral Marom aurait assisté lui-même à l'opération sur un bâtiment de guerre à proximité et a tiré en l'air des coups de semonce quand les violences ont éclaté.

Dès que les commandos israéliens ont été hélitreuillés sur le pont du Mavi Marmara, ils ont été assaillis à coups de barre de fer et de couteaux par des dizaines de militants, selon des témoignages des soldats.

Selon le quotidien Haaretz, les militants auraient réussi à capturer brièvement trois soldats israéliens et à s'emparer d'une ou plusieurs de leurs armes.

Selon le Yediot Aharonot, des films pris par les passagers et confisqués par l'armée montre que des militants pacifistes ont protégé des soldats menacés d'être lynchés.

Après l'opération, qualifié de «fiasco», la décision de relâcher tous les passagers détenus, a été prise par le premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense sous pression de la Turquie, selon la presse, alors que l'armée espérait se servir des interrogatoires pour étayer la thèse israélienne d'une «provocation» délibérée.