L'Assemblée générale de l'ONU a reconnu mercredi l'accès à une eau de qualité et à des installations sanitaires comme un droit humain.

Après plus de 15 ans de débats sur la question, 122 pays ont voté en faveur d'une résolution de compromis rédigée par la Bolivie en consacrant ce droit, tandis que 41 autres se sont abstenus.

Le texte «déclare que le droit à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires est un droit de l'homme, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie».

La résolution pointe le fait que 884 millions de personnes dans le monde n'ont pas accès à une eau potable de qualité et que plus de 2,6 milliards ne disposent pas d'installations sanitaires de base.

Elle souligne qu'environ deux millions de personnes, pour la plupart des jeunes enfants, meurent chaque année des suites de maladies causées par une eau impropre à la consommation et l'absence de sanitaires.

La résolution rappelle aussi la promesse, faite par les dirigeants mondiaux en 2000 dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement, de réduire de moitié d'ici 2015 la proportion de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable et à des installations sanitaires.

Le texte presse les Etats et les organisations internationales de fournir une aide financière et technologique aux pays en développement pour «augmenter les efforts afin de fournir à tous une eau de qualité, propre et abordable ainsi que des installations sanitaires».

«C'est un jour historique pour le monde, un grand pas dans la bonne direction» dans la perspective lointaine d'un traité portant sur l'eau, a réagi auprès de l'AFP la principale militante canadienne des droits liés à l'eau, Maude Barlow.

Ancienne conseillère de l'Assemblée générale de l'ONU sur les questions liées à l'eau, Mme Barlow a souligné que certains pays développés s'étaient abstenus de peur «qu'on leur demande de payer la facture» ou que la résolution ne donne «à leurs propres citoyens des outils pouvant être dirigés contre eux».

Elle a salué le soutien apporté à la résolution par quelques grands pays comme la Chine, la Russie, l'Allemagne, la France, l'Espagne et le Brésil, mais s'est dite «très déçue» de l'abstention de son propre pays, le Canada.

Cette décision répond à la volonté du gouvernement conservateur d'Ottawa d'avoir le droit de commercialiser l'eau, a-t-elle expliqué. «Ils savent que s'ils disent qu'il s'agit d'un droit de l'homme, ce sera en contradiction avec leur volonté d'en faire une marchandise», selon elle.

La résolution accède par ailleurs à la demande du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, basé à Genève, que l'experte indépendante des Nations unies sur les obligations liées à l'eau en matière de droits de l'homme, la Portugaise Catarina de Albuquerque, fasse un rapport chaque année à l'Assemblée générale sur les progrès en la matière.

L'ambassadeur d'Allemagne auprès de l'ONU, Peter Wittig, a salué la résolution tout en indiquant qu'il aurait préféré qu'elle comprenne «un message plus clair concernant la responsabilité première des Etats à faire en sorte que les droits humains soient accessibles à tous ceux qui vivent sous leur responsabilité».