Israël et les Palestiniens, chaperonnés par l'administration Obama, ont formellement repris leurs pourparlers de paix jeudi à Washington, vingt mois après avoir cessé tout dialogue direct.

La secrétaire d'État Hillary Clinton a ouvert la réunion au département d'État en remerciant le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas pour «leur courage et leur engagement».

«Si vous avancez de bonne foi (...), nous pouvons résoudre tous les sujets essentiels dans le délai d'un an», a-t-elle ajouté.

Prenant ensuite la parole, M. Nétanyahou s'est adressé à M. Abbas en soulignant qu'il y aurait «des concessions douloureuses des deux côtés». «Reconnaissez Israël comme l'État-nation du peuple juif», lui a-t-il demandé.

«Cessez complètement la colonisation et l'embargo à Gaza», lui a répondu ce dernier.

Les deux hommes, souriants, se sont serré la main.

Le dialogue proprement dit devait commencer ensuite, hors de la présence des médias.

La diplomatie américaine s'est abstenue d'encadrer strictement ces échanges, même s'il est admis qu'ils devraient durer environ trois heures.

De la même façon, selon Mark Toner, un porte-parole du département d'État, «bien des formules sont possibles, y compris celle d'un dialogue direct entre les parties», Hillary Clinton s'éclipsant pour laisser en tête-à-tête les deux dirigeants.

Dans l'après-midi, George Mitchell, l'émissaire américain pour le Proche-Orient, rendra compte à la presse du déroulement des entretiens.

Le président Barack Obama a prévenu mercredi soir, en recevant les protagonistes à dîner à la Maison-Blanche, que l'on n'était qu'au début d'un processus plein d'écueils, dans lequel «ni le succès, ni l'échec ne sont garantis».

Il a néanmoins appelé les parties à saisir une «chance» qui, a-t-il insisté, ne se représenterait peut-être pas.

Hosni Moubarak, le président égyptien présent à Washington pour contribuer à faciliter les débats, l'avait engagé dans la journée à jeter tout le poids des États-Unis dans la balance.

«Il faut que les États-Unis interviennent, demeurent concentrés et engagés, et tendent la main aux deux parties pour aider à reprocher les positions et résoudre les désaccords», a rapporté le porte-parole égyptien Soliman Awaad.

M. Obama a glissé que les parties lui avaient assuré pouvoir aboutir à la paix d'ici à un an.

Benjamin Nétanyahou, connu pour son intransigeance, s'est dit prêt à «un compromis historique».

Mahmoud Abbas a appelé lui à la fin de l'effusion de sang, à la suite de deux attentats anti-israéliens mardi et mercredi en Cisjordanie.

Enfin l'ONU et l'Union européenne -principal financeur de l'Autorité palestinienne- suivent attentivement le dialogue qui débute.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en visite à Vienne, s'est déclaré «très encouragé et heureux des négociations directes».

Quelles que soient ces bonnes volontés, le chantier est immense, les positions très éloignées sur la plupart des sujets.

Les Palestiniens veulent fonder leur État sur l'ensemble des territoires occupés par Israël depuis 1967. Ils sont prêts à accepter des échanges, mais cela ne suffira pas à régler la question du statut de Jérusalem, ville dont Israël a annexé la partie orientale, et que l'État hébreu défend comme sa capitale indivisible.

Les pourparlers devront également trouver une solution aux problèmes aussi épineux que la question des réfugiés, ou du partage de l'eau.

Le fragile espoir, déjà contrarié par la promesse du Hamas de poursuivre les attentats en Cisjordanie, rencontrera un premier obstacle de taille dès le 26 septembre.

M. Nétanyahou a en effet dit ne pas vouloir proroger le moratoire partiel sur les implantations juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Pour les Palestiniens, toute reprise des constructions signifierait la fin du dialogue.