La randonneuse américaine Sarah Shourd, détenue en Iran depuis juillet 2009, a été libérée mardi après le versement d'une caution de près de 500 000 dollars US, mais ses deux compagnons arrêtés en même temps qu'elle resteront en prison jusqu'à leur procès pour «espionnage».

«Sarah Shourd a été remise à des représentants de l'ambassade de Suisse à Téhéran après avoir été libérée», a annoncé le site Internet du parquet de Téhéran dans un communiqué.

Cette libération est intervenue après le versement d'une caution qui avait été fixée à 5 milliards de rials (environ 500 000$ US), selon la même source.

L'avocat de Sarah Shourd, Me Masoud Shafii, a confirmé peu après à l'AFP que la jeune Américaine avait été effectivement libérée. «Elle vient de quitter la prison» d'Evine à Téhéran où elle était détenue, a-t-il déclaré.

L'ambassade de Suisse, chargée des intérêts américains en Iran en l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays, a indiqué à l'AFP que «tous les détails administratifs avaient été réglés» pour la libération de la jeune qui devrait ensuite quitter l'Iran très vite, «dans la soirée» de mardi.

Me Shafii a précisé à l'agence officielle IRNÀ que Mlle Shourd devrait se rendre d'abord au sultanat d'Oman où se trouve actuellement sa mère. C'est également à Oman que la caution de la jeune femme a été payée, selon le procureur de Téhéran Abbas Jafari Dolatabadi cité par la chaîne de télévision en anglais Press-TV.

Sarah Shourd avait été arrêtée le 31 juillet 2009 avec deux autres randonneurs américains en territoire iranien près de la frontière avec le Kurdistan irakien.

Les trois Américains, qui ont assuré s'être égarés pendant une randonnée en montagne, ont d'abord été détenus pour entrée illégale en Iran avant d'être officiellement accusés d'espionnage.

Washington a toujours démenti cette accusation. Fin juillet, le président Barack Obama avait appelé l'Iran à «libérer immédiatement» les trois Américains.

La libération sous caution de Mlle Shourd, 32 ans, avait été annoncée la semaine dernière par les autorités iraniennes au nom de la «compassion islamique».

La mère de Sarah Shourd avait indiqué en août que sa fille avait été diagnostiquée en phase pré-cancéreuse et souffrait de dépression, et les autorités iraniennes ont confirmé que la jeune femme était malade.

Ses deux compagnons, Shane Bauer (28 ans) et Josh Fattal (28 ans), devront en revanche rester en prison jusqu'à leur procès, dont la date n'a pas encore été fixée, selon le parquet de Téhéran.

Leur avocat a indiqué avoir déposé un recours contre ce maintien en détention, lors d'une audience dimanche par un tribunal de Téhéran au cours de laquelle les trois jeunes Américains ont rejeté l'accusation d'espionnage qui leur a été formellement notifiée.

La libération de Mlle Shourd est intervenue après une valse-hésitation du pouvoir iranien, apparemment divisé depuis le début sur le sort à réserver aux trois Américains.

Le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki évoquait encore en décembre une simple «entrée illégale» en Iran alors que les partisans de la ligne dure du régime, incarnée notamment par le ministre des Renseignements Heydar Moslehi, ont affirmé depuis le début que les randonneurs étaient des espions.

Un député conservateur très critique à l'égard du gouvernement, Ahmad Tavakoli, est allé jusqu'à estimer que la décision de libérer Sarah Shourd était «une insulte à la nation iranienne», car elle allait accroître les pressions américaines sur l'Iran, déjà soumis à des sanctions économiques et politiques sévères de la communauté internationale pour sa politique nucléaire controversée.