Le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé lundi les dirigeants du monde à s'engager en faveur des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le président français Nicolas Sarkozy plaidant pour une taxe sur les transactions financières.

«L'horloge tourne, avec encore beaucoup à faire», a dit M. Ban à l'ouverture d'un sommet de trois jours à l'ONU à New York consacré aux OMD qui visent en particulier à réduire la pauvreté dans le monde. «Envoyons un puissant message d'espoir», «honorons notre promesse», a-t-il dit.

Le président français Nicolas Sarkozy a appelé à adopter sans délai une taxe universelle sur les transactions financières pour financer les OMD.

Les financements innovants sont explicitement mentionnés dans le document final qui doit être adopté d'ici mercredi par les chefs d'État et de gouvernement. Il s'agit de taxes sur les billets d'avion, le tourisme, Internet, la téléphonie mobile et les transactions financières.

«Les financements innovants, la taxation des transactions financières, nous pouvons le décider ici. Pourquoi attendre ? La finance s'est mondialisée, au nom de quoi nous ne demanderions pas à la finance de participer à la stabilisation du monde en prélevant sur chaque échange financier une taxe ?», a lancé M. Sarkozy au premier jour du sommet.

La France, avec d'autres pays tels que le Chili, le Brésil, la Norvège, sont favorables aux «financements innovants», tandis que d'autres pays, menés par les États-Unis, sont résolument méfiants. Ban Ki-moon a apporté son soutien à ces nouveaux financements.

Le document final sur les OMD -- programme phare des Nations unies dont les objectifs sont encore loin d'être atteints à 5 ans de la date butoir -- est loin d'être triomphaliste. S'il affirme qu'il est possible d'atteindre les huit objectifs du millénaire, il reconnaît des retards importants depuis le lancement du programme en 2000.

Les chefs d'État et de gouvernement se déclarent «profondément préoccupés de constater que le progrès n'est pas à la hauteur, tant s'en faut, de ce qui serait nécessaire».

Outre la réduction de moitié de la pauvreté extrême dans le monde d'ici à 2015, les OMD consistent à assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité des sexes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le sida, le paludisme et d'autres maladies, préserver l'environnement et mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, a relevé que 2010 a vu 65 millions d'hommes et de femmes de plus tomber dans l'extrême pauvreté. Et 1,5 million d'enfants risquent de mourir avant d'atteindre l'âge de cinq ans d'ici 2015, a-t-il ajouté.

Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a souligné que «des années de progrès ont été perdues et la dynamique a déraillé du fait de la crise qui n'est pas seulement économique mais aussi alimentaire et énergétique».

Dans un panel de discussions organisé par la chancelière Angela Merkel en marge du sommet, celle-ci a clairement dit qu'il ne serait pas possible d'atteindre tous les OMD d'ici 2015.

«Nous savons que nous ne pourrons pas atteindre ces objectifs dans tous les pays en développement d'ici 2015», a-t-elle dit. «Il ne s'agit pas seulement d'argent mais bien de se demander: que fait-on de cet argent ?», a-t-elle ajouté.

Dans ce même panel, le premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a été encore plus catégorique: «Nous sommes sur les rails pour n'atteindre aucun des objectifs pour le développement. Nous avons besoin de financements supplémentaires et de meilleures stratégies».