L'explosion démographique, l'urbanisation massive ainsi que la demande croissante en énergie et en nourriture pourraient drainer les réserves d'eau douce du continent asiatique à moins que des efforts ne soient déployés pour mieux gérer la ressource, ont prévenu des experts mardi.

À moins que des actions concrètes ne soient mises en oeuvre, la demande en eau excédera de 40% sa disponibilité d'ici 2030, menaçant la production de nourriture, la sécurité énergétique et la croissance économique.

Et la Banque asiatique de développement (BAD) prévient que la rareté de l'eau pourrait attiser les tensions entre les pays de la région.

Selon Arjun Thapan, conseiller principal de la BAD, la situation de l'eau en Asie a déjà dépassé son point de bascule. Il estime qu'il faut stopper immédiatement - voire carrément renverser - le déclin de la disponibilité de l'eau fraîche.

Environ 80% de la quantité d'eau disponible sur le continent asiatique est utilisée pour l'irrigation des terres agricoles. Mais elle est employée de façon inadéquate: dans plusieurs pays, la vétusté des systèmes d'irrigation et des infrastructures urbaines cause en effet des fuites importantes. Les pertes sont d'ailleurs évaluées à 9 milliards US annuellement.

Si l'Asie ne procède pas à des changements considérables dans sa façon de gérer l'or bleu, elle fera face à une pénurie majeure dans une vingtaine d'années, estime M. Thapan.

La BAD, qui est basée à Manille, dit avoir élaboré un plan pour 2011-2020. Sa stratégie principale est d'accroître l'efficacité de l'utilisation d'eau afin de réduire la demande, avec le soutien d'un partenariat entre le secteur privé et les gouvernements de la région.

Cette proposition fera partie des sujets discutés lors d'une conférence de cinq jours qui se conclura le 15 octobre à Manille, la capitale des Philippines. Environ 600 experts de l'eau provenant de 53 pays y ont été conviés.

Le plan pourrait être adopté avant la fin de l'année, d'après Arjun Thapan.