«Nous avons appris que nos troupes ne devraient pas livrer de guerres d'indépendance pour d'autres pays. Seuls les Afghans peuvent obtenir l'indépendance de l'Afghanistan à l'égard des talibans.»

Cette critique de la mission des États-Unis en Afghanistan aurait très bien pu être formulée par Michael Moore ou tout autre tenant de la gauche américaine. Mais elle est sortie de la bouche de Mitt Romney à l'occasion d'un débat télévisé au New Hampshire entre les prétendants républicains à la Maison-Blanche.

Et l'ancien gouverneur du Massachusetts n'est pas le seul républicain d'envergure à exprimer scepticisme ou opposition à l'égard des opérations militaires des États-Unis à l'étranger. Jon Huntsman, un de ses rivaux dans la course à l'investiture de son parti pour l'élection présidentielle de 2012, s'est également prononcé en faveur d'un retrait rapide des troupes américaines engagées en Afghanistan, invoquant notamment le coût élevé de leur maintien dans ce pays.

Michele Bachmann, autre candidate à l'investiture républicaine, a affirmé de son côté que les États-Unis n'auraient pas dû intervenir en Libye.

«Nous n'avons pas été attaqués. Nous n'avons pas été menacés d'une attaque. Il n'y a pas d'intérêts vitaux en Libye», a déclaré la représentante du Minnesota lors du débat du New Hampshire.

Après l'interventionnisme...

Ces prises de position tranchent avec la quasi-unanimité des républicains à l'égard des guerres d'Afghanistan et d'Irak durant la présidence de George W. Bush, dont la politique étrangère a été marquée au sceau de l'interventionnisme prôné par les néo-conservateurs. Ceux-ci s'inquiètent aujourd'hui de ce qu'ils décrivent comme une montée de l'isolationnisme au sein du Grand Old Party.

«Il y a toujours eu un courant isolationniste au Parti républicain, mais il semble qu'il occupe davantage le devant de la scène», a déclaré le sénateur John McCain dimanche sur ABC.

L'ancien candidat présidentiel s'en est pris en particulier aux positions défendues par Mitt Romney et Michele Bachmann vis-à-vis des conflits en Afghanistan et en Libye. Selon lui, l'ancien président Ronald Reagan aurait été déçu du débat du New Hampshire.

«Il aurait dit: ''Ce n'est pas le Parti républicain qui était prêt à se dresser pour la liberté des peuples partout dans le monde''«, a déclaré John McCain.

Parmi les prétendants républicains à la Maison-Blanche, l'ancien gouverneur du Minnesota Tim Pawlenty est celui qui semble le plus vouloir combattre le soi-disant isolationnisme républicain. «Je n'aime pas cette dérive du Parti républicain vers ce qui semble être l'isolationnisme», a-t-il déclaré cette semaine à des journalistes.

Plusieurs critiques républicains ou conservateurs des missions en Afghanistan, en Irak ou en Libye se sont élevés contre l'accusation d'isolationnisme, faisant notamment valoir que les États-Unis n'ont tout simplement pas les moyens financiers de livrer trois guerres à la fois.