L'Iran, l'Afghanistan et le Pakistan ont annoncé samedi qu'ils allaient coopérer pour lutter contre le terrorisme, qui a fait des dizaines de milliers de victimes au cours des dernières années dans ces trois pays frontaliers.

Les trois pays «s'engagent à mener des efforts pour éliminer l'extrémisme, le militarisme, le terrorisme et rejeter les interventions étrangères» dans la région, ont affirmé les présidents iranien Mahmoud Ahmadinejad, pakistanais Assef Ali Zardari et afghan Hamid Karzaï dans une déclaration commune à l'issue d'un sommet à Téhéran.

Ils ont annoncé la tenue de «réunions tripartites des ministres des Affaires étrangères, de l'Intérieur, de la Sécurité et de l'Économie pour préparer un prochain sommet» fin 2011 à Islamabad.

Le sommet de Téhéran s'est réuni en marge d'une conférence internationale sur le terrorisme à laquelle ont également participé samedi les présidents irakien Jalal Talabani, soudanais Omar el-Béchir et tadjik Emomali Rahmon parmi les délégations d'une soixantaine de pays.

Le terrorisme «s'étend et menace plus que jamais l'Afghanistan et la région», s'est alarmé M. Karzaï lors de cette conférence, estimant que «l'existence et l'intégrité (des pays de la région) sont réellement menacées».

Les attentats sont quasi-quotidiens en Afghanistan en dépit de dix années de présence militaire occidentale depuis l'intervention qui a chassé les talibans du pouvoir à Kaboul après les attentats du 11 septembre 2001.

Le président pakistanais Assef Ali Zardari a appelé de son côté «tous les pays à se mobiliser pour mettre le terrorisme à genoux avant que ce soit lui qui mette à genoux la communauté internationale».

«Les terroristes sont de petits groupes minoritaires (...) qui visent les valeurs humaines et religieuses», a-t-il affirmé, précisant que les attentats avaient coûté la vie à «35 000 Pakistanais, dont 5000 membres de forces de l'ordre», ces dernières années.

«La lutte contre le terrorisme nécessite une mobilisation internationale, car la sécurité de toutes les nations est menacée», a renchéri le président iranien. Selon lui, les «attentats terroristes ont fait 16 000 morts en Iran depuis la révolution islamique de 1979».

Téhéran accuse régulièrement les services de renseignement américains, israéliens, mais aussi pakistanais de soutenir des groupes terroristes sunnites dans sa province du Sistan-Balouchistan frontalière du Pakistan.

L'Iran a pour sa part été régulièrement accusé par les Occidentaux de soutenir le terrorisme dans plusieurs pays de la région.

M. Ahmadinejad a répliqué en accusant samedi Washington de «soutenir des réseaux (terroristes) dans la région».

«Certains de ces réseaux leur ont échappé, et les États-Unis utilisent maintenant leurs actions comme un prétexte pour envoyer des troupes dans la région», a-t-il affirmé dans une allusion à Al-Qaïda.

Il a également à nouveau dénoncé «l'exploitation» par Washington des attentats du 11 septembre pour justifier les interventions en Afghanistan et en Irak, établissant un parallèle avec «l'exploitation de l'Holocauste» pour défendre Israël.

Dans un message à la conférence, le Guide suprême iranien Ali Khamenei a dénoncé «le calcul diabolique des puissances dominantes qui cherchent à exploiter le terrorisme» pour justifier leur présence dans la région.

«Les États-Unis cherchent à établir des bases militaires permanentes en Afghanistan, ce qui est dangereux, car tant que les militaires américains seront présents en Afghanistan, ce pays ne connaîtra pas la sécurité», a-t-il affirmé en recevant le président afghan.

La conférence de Téhéran sera suivie par une nouvelle édition en 2012 à Bagdad, a indiqué le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi en précisant qu'un secrétariat permanent serait installé à Téhéran.