Sabotages, vols, inspections abusives: les militants prenant part à la «flottille de la liberté» accusent Israël de tout faire pour les empêcher de prendre la mer. Un deuxième navire qui s'apprêtait à appareiller, hier, a constaté des dommages qui viennent de nouveau retarder le départ de l'opération visant à briser le blocus de Gaza.

Un premier bateau, le navire français Dignity, a quitté la Corse pour amorcer son périple vers les territoires palestiniens, mais les neuf autres qui doivent le rejoindre en mer sont toujours coincés à quai en Grèce où les obstacles se multiplient. Après avoir obtenu l'autorisation d'appareiller, hier, un bateau irlandais a rapidement constaté des dommages à son hélice. «On soupçonne un nouveau sabotage», confie à La Presse Ehab Lotayef, membre du comité international de coordination de la flottille. Une conférence de presse est prévue aujourd'hui à Athènes pour faire le point.

Cet incident s'ajoute à la découverte, lundi, d'une autre avarie majeure sur l'un des navires amarrés au port du Pirée, près de la capitale grecque. Cette fois aussi, l'hélice du Juliano a été retrouvée brisée et le bateau a dû être mis en cale sèche hier pour réparation, laissant planer le doute sur sa participation à l'opération.

Les militants, qui ont diffusé sur YouTube une vidéo des dommages, parlent d'un acte de sabotage. «Je ne peux pas le prouver - ils n'ont pas laissé de carte de visite -, mais le gouvernement israélien ne fait aucun secret depuis plusieurs mois qu'il prendra tous les moyens, même violents, pour empêcher la flottille de se rendre à Gaza», dit Stéphan Corriveau, porte-parole du navire canadien baptisé Tahrir, qui signifie «libération» en arabe.

Ce dernier affirme qu'il s'agirait d'un acte de guerre s'il était prouvé qu'Israël est à l'origine de ces avaries. «Ce ne sont pas des farces, on parle d'un acte de guerre. Envoyer des soldats dans un autre pays pour détruire des choses, on ne fait pas dans la demi-mesure ici», déplore M. Corriveau, qui assure que le navire canadien n'a pas été saboté. Ce deuxième bris en trois jours incite toutefois les organisateurs à vérifier les hélices de tous les autres bateaux, indique Ehab Lotayef.

Les bris ne sont pas les seuls écueils que la flottille heurte avant même de mettre les voiles. Hier, quatre organisateurs affirment s'être fait voler leurs téléphones mobiles et tous leurs documents.

Rien ne permet de faire un lien entre ces vols et le gouvernement israélien, mais les militants soupçonnent les services secrets de l'État hébreu.

Sécurité renforcée

«C'est sûr qu'on devient un peu paranoïaques, mais quand, dans la même matinée, quatre personnes stratégiques pour l'organisation, dans quatre endroits différents, se font voler leurs cellulaires et leurs documents, on se dit que ça fait beaucoup. C'est pour ça qu'on se dit victimes d'intimidation», dit l'une des Québécoises prenant part à la flottille, Manon Massé, de Québec solidaire.

Depuis ces incidents, la sécurité a été renforcée autour des bateaux devant participer à la flottille. Les militants ont également reçu la consigne, hier, de ne plus se promener seuls.

Reste encore les nombreuses inspections des autorités grecques qui disent recevoir des plaintes de citoyens sur l'état des navires amarrés au port d'Athènes. Ainsi, le Tahrir a été inspecté à deux reprises en quelques jours à peine.

Un peu moins d'une centaine de personnes se sont rassemblées, hier soir à Montréal, pour venir en soutien à la flottille en chantant «Il était un petit Tahrir». D'autres manifestations auront lieu selon le déroulement du périple de la flottille.