L'opération secrète Fast and Furious visait à suivre les fusils d'assaut achetés aux États-Unis par des cartels mexicains. Puis Washington a perdu la trace de milliers d'armes, et un agent frontalier a été trouvé mort. Le dossier hante le procureur général nommé par le président Barack Obama, Eric Holder, qui se bat aujourd'hui pour sauver sa réputation et son poste.

Quand l'agent Brian Terry a été fauché par les balles d'un AK-47 en patrouillant près de la frontière mexicaine, au soir du 14 décembre 2010, les autorités ont accusé les narcotrafiquants mexicains.

Peu de gens le savaient, mais les deux armes semi-automatiques trouvées sur place avaient été achetées quelques mois plus tôt chez un armurier de Phoenix. Une transaction illégale, observée et autorisée par les agents fédéraux américains.

Les agents menaient l'opération clandestine Fast and Furious, lancée en 2009, qui visait à suivre à la trace des armes achetées en sol américain par des groupes criminels mexicains.

Josephine Terry, mère de l'agent mort en service, a dit avoir été «atterrée» d'apprendre que le fusil d'assaut qui a tué son fils faisait partie d'une opération fédérale. Son mari et elle viennent de déposer une poursuite de 25 millions de dollars contre le procureur général des États-Unis, Eric Holder, responsable du Bureau de l'alcool, du tabac et des armes à feu (BATF), qui menait l'opération.

«Toute cette attention ne nous ramènera pas notre fils et ne réduira pas notre chagrin, écrivent les parents dans la poursuite. Mais nous trouvons un certain réconfort dans le fait que cette opération abominable, dangereuse et absurde du BATF est maintenant mise au jour et discréditée.»

L'objectif de Fast and Furious était de monter un dossier pour faire arrêter les dirigeants des cartels. Or, l'opération a été un fiasco: les agents ont perdu la trace de plus de 2000 armes, qui se sont retrouvées entre les mains de criminels américains et mexicains.

Aujourd'hui, les républicains au Congrès accusent M. Holder d'avoir cherché à étouffer l'affaire. Ils veulent que les courriels et d'autres documents du département de la Justice soient rendus publics. Le Département soutient que l'opération Fast and Furious a été lancée par le bureau régional de Phoenix, et que Washington n'a appris l'existence du programme qu'après la mort de l'agent Terry.

Holder sur le gril

Jeudi, les républicains ont remis en question l'intégrité de M. Holder durant sont témoignage au Congrès.

«Je crois que vous nous cachez quelque chose, a dit le représentant républicain Dan Burton. Il y a des choses que vous ne voulez pas nous montrer. Vous devriez nous donner les documents.»

Le procureur général a répondu avoir donné plus de 6000 pages de documents. Fast and Furious, a-t-il dit, était un programme «stupide» qui n'aurait «jamais dû voir le jour».

«Permettre la mise en circulation de fusils, qu'elle soit autorisée par cette administration ou par la précédente, est parfaitement inacceptable», a soutenu M. Holder, en référence à l'administration Bush, dont l'emploi de méthodes semblables avait soulevé la controverse.

M. Holder a accusé les républicains de chercher à politiser le dossier pour marquer des points en année électorale.