Leur soutien à Israël est inconditionnel. Il trouve ses racines dans la Bible. Les «chrétiens sionistes» forment un groupe de plus en plus influent aux États-Unis. Mais reste controversé sur place.

Psagot, Cisjordanie Chapeau de cow-boy sur la tête, Tommy Waller regarde une vingtaine d'hommes élaguer les vignes de la colonie israélienne de Psagot, près de Jérusalem.

Au cours de la dernière année, il estime qu'environ 300 personnes ont répondu à son appel pour aider les fermiers israéliens de Cisjordanie - qu'il appelle du nom biblique de «Judée et Samarie» - par l'entremise de son organisme fondé en 2005, HaYovel.

Comme lui, ils sont de fervents chrétiens et partagent un sentiment presque mystique pour Israël. Originaires majoritairement des États-Unis, mais aussi de la Grande-Bretagne et du Canada, ils rejettent les condamnations de la communauté internationale, qui jugent illégales les colonies en Cisjordanie. Leur décision de prêter main-forte aux Israéliens trouve ses racines dans la Bible.

«Il y a une prophétie qui dit: Des fils de l'étranger seront vos laboureurs et vos vignerons, explique M. Waller, avec l'accent traînant du Tennessee. J'aime croire que nous sommes l'accomplissement de cette prophétie.»

Chrétiens sionistes

Pour l'ancien homme d'affaires, le retour des Juifs en terre sainte fait partie d'un ensemble de facteurs devant aboutir au «retour de Jésus». Il se considère comme un «chrétien sioniste».

Aux États-Unis, les «chrétiens sionistes», ou «chrétiens pro-Israël», forment un groupe influent. Le Christians United for Israel compte près d'un million de membres. Près des deux tiers des évangéliques blancs croient que la protection d'Israël est «un objectif très important», selon un sondage réalisé par le Pew Research Center l'an dernier. Les candidats à l'investiture républicaine ont tour à tour manifesté leur appui à Israël - un soutien qui pourrait les rapprocher de cet électorat, croient les experts.

Mais l'appui de ces groupes n'est pas toujours bien reçu. Des Israéliens se méfient et les soupçonnent de vouloir les convertir. D'autres critiquent leur soutien inconditionnel au gouvernement en place.

«À la droite de la droite»

«Les conservateurs évangéliques américains voient Israël comme une question importante, mais ils sont à la droite de la droite israélienne, explique Gershom Gorenberg, historien et journaliste israélien spécialiste des questions de religion et de politique. Ils sont influencés par une vision théologique d'Israël, dans le rôle donné à Israël dans la chronologie chrétienne.»

Le directeur des médias de l'Ambassade chrétienne internationale Jérusalem voit les choses d'un autre oeil. «Il y a une longue histoire tragique du côté juif et nous comprenons que l'Histoire ne peut pas être renversée du jour au lendemain, dit David Parsons. Mais les Israéliens ont commencé à réaliser que les chrétiens évangéliques sont leurs meilleurs et seuls vrais amis dans le monde.» Le groupe, fondé en 1980, est représenté dans environ 80 pays pour «établir une compréhension d'Israël, amasser des fonds et bâtir des relations».

Au cours des années, en plus d'activités caritatives, il a aidé plus de 100 000 Juifs à immigrer en Israël. «Nous voyons cela comme une preuve que Dieu remplit ses promesses, mais nous n'essayons pas de réaliser nos propres attentes par rapport aux prophéties», souligne M. Parsons.

Pour les chrétiens palestiniens, l'influence des chrétiens sionistes laisse un goût amer. «Ce n'est pas une bonne chose de justifier tout ce qu'Israël fait par la Bible», confie un pasteur évangélique de Bethléem, qui a demandé l'anonymat par crainte de se «faire des ennemis». Il souligne que tous les évangéliques ne partagent pas la vision des chrétiens sionistes. «Mais les gens nous associent à eux, les musulmans viennent nous voir pour nous demander si c'est vrai que nous croyons à toutes ces choses. Ça nous place dans une situation difficile», ajoute-t-il.