Plusieurs militants du mouvement Tea Party profitent de l'aide du gouvernement fédéral tout en dénonçant ce même gouvernement. C'est ce qui ressort d'un article publié aujourd'hui à la une du New York Times, qui s'ouvre sur ces deux paragraphes :

Quand Tom Grimes a perdu son emploi comme conseiller financier il y a 15 mois, il a appelé son représentant (à Washington), un démocrate, pour lui demander de l'aide afin d'obtenir une assurance santé gouvernementale.

Puis il a trouvé une nouvelle occupation à temps-plein : militant du Tea Party.

Plus loin, on apprend que ce même Grimes encaisse consciencieusement ses chèques d'aide sociale tout en lisant Arguing With Idiots, de Glenn Beck, et The Law, de Frederic Bastiat, qui qualifie toute aide gouvernementale de «fausse philanthropie».

Le Times fait état de plusieurs autres militants du Tea Party qui tiennent aux avantages que leur confèrent les programmes gouvernementaux Medicare et Social Security, dénoncés comme étant «socialistes» au moment de leur création. Le quotidien se demande par ailleurs si le mouvement Tea Party, qui a tenu un rassemblement au Nevada hier (photo), survivra à une reprise économique, quand plusieurs des chômeurs qui en font partie auront trouvé un emploi...

Cela me fait penser à ce que plusieurs conservateurs cravatés crient aux États-Unis lorsqu'ils passent devant des manifestants de gauche: Get a job!

Quoi qu'il en soit, ce reportage du Times semble apporter de l'eau au moulin du chroniqueur Frank Rich, qui signe aujourd'hui un article dans lequel il soutient que la «rage» manifestée par plusieurs adversaires de la réforme du système de santé n'a rien à voir avec la réforme. Selon Rich, c'est une colère qui a vu le jour avant même l'élection de Barack Obama, lorsque des partisans de John McCain et Sarah Palin traitaient le candidat démocrate de traître et proféraient des menaces à son endroit.

C'est une rage rappelant au chroniqueur celle des adversaires des droits civiques des Noirs dans les années 1960, qui se drapaient également dans la Constitution et la défense de la liberté pour défendre leur position. C'est la rage d'un certain nombre d'Américains qui voient leur pays changer inexorablement en raison de facteurs sociologiques et démographiques qui ont contribué à l'élection d'un mulâtre à la présidence des États-Unis et placé une femme à la tête de la Chambre des représentants.

Trop forte en café, cette analyse du Tea Party?

(Photo AFP)