(Nations unies) La Chine et la Russie ont bloqué jeudi à l’ONU une demande des États-Unis datant de la semaine dernière de sanctionner cinq Nord-Coréens, un vivant en Russie, les quatre autres sur le territoire chinois, en réponse aux récents tirs de missiles par la Corée du Nord.

Les 15 membres du Conseil de sécurité avaient jusqu’à 15 h pour se prononcer sur la demande américaine. Le blocage de la Chine est intervenu deux heures avant une nouvelle réunion à huis clos du Conseil de sécurité sur la Corée du Nord, demandée par Washington. Il a été suivi par une opposition également de la Russie à la proposition américaine, ont indiqué des diplomates à l’AFP.

Interrogée sur l’opposition de Pékin et Moscou avant la réunion du Conseil — la deuxième en 11 jours —, l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a dénoncé l’octroi d’un « chèque en blanc » à Pyongyang.

« Nous avons ces sanctions pour une raison. Et le fait qu’un État membre s’oppose à l’imposition de sanctions […] donne, à mon avis, un chèque en blanc à la Corée du Nord », a-t-elle dit en estimant « important » d’envoyer « un message unifié » à ce pays pour qu’il cesse ses essais.

En vertu des règles en vigueur à l’ONU, le blocage sino-russe a une durée de six mois. A l’échéance, il est possible pour un membre du Conseil de sécurité de le prolonger de trois mois, puis d’un jour supplémentaire avant que la proposition ne disparaisse définitivement de la table de l’ONU.

Avec Pékin, Moscou est depuis longtemps sur une ligne de ne pas accentuer la pression sur Pyongyang, demandant même un allègement des sanctions internationales à des fins humanitaires.

Le 12 janvier, Washington avait sanctionné les cinq Nord-Coréens en question, demandant ensuite au Comité onusien de sanctions chargé de la Corée du Nord d’étendre ses mesures individuelles à ces cinq personnes.

Toute décision d’un Comité de sanctions doit recueillir l’unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité, qui en sont tous membres.

Déclaration refusée par Pékin

Identifiés par le Trésor, les cinq ressortissants nord-coréens sanctionnés par Washington (gel d’avoirs, interdiction de voyages) sont Choe Myong Hyon, installé en Russie, et Sim Kwang Sok, Kim Song Hun, Kang Chol Hak et Pyon Kwang Chol, qui vivent en Chine.

Ces cinq personnes sont accusées par Washington d’être liées au programme d’armes de destruction massive de Pyongyang.

La mission diplomatique chinoise n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande de commentaires. Lundi, la Chine avait rouvert sa frontière avec la Corée du Nord pour le transport de marchandises après deux ans d’interruption pour cause de pandémie de COVID-19.

« Il nous faut plus de temps pour étudier les données », a indiqué à l’AFP l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU, Dmitry Polyanskiy.

La semaine dernière, faute de réunir un consensus pour une déclaration unanime du Conseil de sécurité lors de sa première réunion, les États-Unis, l’Albanie, la France, l’Irlande et le Royaume-Uni, auxquels s’était joint le Japon, avaient appelé conjointement la Corée du Nord « à s’abstenir de toute nouvelle action déstabilisatrice » après un tir d’un missile hypersonique.

La Corée du Nord avait répondu à cette injonction par de nouveaux tirs.

Ce jeudi, les mêmes pays, auxquels se sont joints le Brésil et les Émirats arabes unis, deux nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité, ont aussi produit une déclaration commune exhortant les membres de cette instance à afficher une position « unie pour condamner » Pyongyang.

Selon des diplomates, les États-Unis ont proposé à leurs partenaires d’adopter une courte déclaration à l’occasion de leur nouvelle réunion, mais la Chine, selon les mêmes sources, a refusé.

Ce texte de seulement trois phrases, obtenu par l’AFP, se bornait à rappeler que les derniers tirs nord-coréens « utilisant de la technologie de missiles balistiques sont en violation des résolutions du Conseil de sécurité ». Il appelait aussi « fermement la Corée du Nord à s’acquitter de ses obligations imposées par le Conseil de sécurité et d’ouvrir un dialogue vers une dénucléarisation » de la péninsule coréenne.

Plus tôt ce jeudi, Pyongyang a menacé d’une possible reprise de ses essais de missiles nucléaires et balistiques à longue portée, lors d’une réunion du bureau politique sous la direction de Kim Jong-un, préparé à « une confrontation de longue haleine » avec les États-Unis.