(Washington) Les États-Unis ont répondu mercredi à un plan européen soumis également aux Iraniens, ravivant l’espoir d’un retour à l’accord historique sur le programme nucléaire iranien de 2015 dont l’ancien président Donald Trump s’était retiré avec fracas.

« Nous avons transmis notre réponse à l’Union européenne aujourd’hui », laquelle l’a relayée à Téhéran, a déclaré le porte-parole du département d’État américain, Ned Price. Il n’a donné aucune précision sur le contenu de la réponse américaine ni sur d’éventuelles concessions de la part des États-Unis.

De son côté, le ministère iranien des Affaires étrangères a confirmé mercredi avoir reçu une réponse des États-Unis concernant les « ajustements » requis par Téhéran à la proposition d’accord soumise par l’Union européenne sur le dossier nucléaire iranien.

« L’Iran a commencé à examiner attentivement l’avis des États-Unis et la République islamique d’Iran va transmettre son opinion au coordinateur (de l’UE) après cet examen », a indiqué le porte-parole de la diplomatie iranienne, Nasser Kanani, en référence à Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne qui pilote le dossier.

Ce dernier avait soumis aux deux parties le 8 août une « version finale » d’un accord prévoyant la levée de sanctions économiques contre l’Iran, dont la vente de pétrole en échange de restrictions drastiques sur son programme nucléaire, lançant d’intenses consultations de part et d’autre.

Va-et-vient diplomatique

Ce va-et-vient diplomatique aux extraordinaires enjeux de sécurité, puisqu’il vise à garantir que l’Iran ne développe pas d’arme atomique, n’est pas pour autant terminé et l’issue des négociations reste encore incertaine.

Un haut responsable américain avait indiqué mardi sous couvert de l’anonymat qu’il restait encore « des disparités » à surmonter avant de parvenir à un accord.

Selon Washington, l’Iran a toutefois fait des concessions sur des points clés, notamment l’abandon de sa demande de lever la désignation des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, en tant qu’organisation terroriste.

Le président américain Joe Biden en avait fait une ligne rouge et a même ordonné mardi des frappes aériennes visant des bases de milices pro-iraniennes dans l’Est de la Syrie, « affiliées » aux Gardiens de la Révolution.

Un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby, a précisé que les frappes avaient détruit des dépôts de munition en « riposte directe » à l’attaque du 15 août qui avait visé le petit contingent américain en Syrie.

« Nous ne cherchons pas l’escalade mais nous sommes prêts à nous défendre face à toute menace », a-t-il dit à la presse.

Les négociations sur le nucléaire iranien, engagées depuis déjà 16 mois, mais qui avaient été suspendues puis reprises début août, ont pour but de sauver cet accord conclu avec le régime de Téhéran par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) plus l’Allemagne.

Les États-Unis s’en étaient retirés en 2018 sous la présidence de Donald Trump, et avaient renforcé leurs sanctions contre Téhéran.

Depuis lors, l’Iran s’est peu à peu affranchi de ses obligations.

Mais l’accord fait l’objet de farouches oppositions, à commencer par celle des Israéliens, appuyés par l’opposition républicaine au président Biden.

De leur côté, les républicains au Congrès américain ne cessent de dénoncer un « mauvais accord » qui récompenserait l’Iran accusé par ailleurs de soutenir le terrorisme.

À Washington, on rejette en tout cas toute notion de concessions américaines, affirmant que c’est « l’Iran qui a fait des concessions sur des questions importantes ».

Pour Suzanne DiMaggio, du Carnegie Endowment for International Peace, « si chaque partie peut faire en sorte que cela apparaisse comme une victoire pour elle, alors il y a des chances que le JCPOA (le sigle anglais de l’accord) soit restauré ».