(Washington) La vice-présidente américaine Kamala Harris a une nouvelle fois appelé Israël à garantir l’indépendance de son système judiciaire, suscitant des critiques israéliennes mercredi, après des mois de manifestations contre la réforme de la justice voulue par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

Mme Harris a pris la parole mardi lors du gala organisé par l’ambassade d’Israël dans un musée de Washington à l’occasion des 75 ans de la proclamation de l’indépendance de l’État d’Israël.

La vice-présidente s’est engagée à faire preuve d’« un engagement sans faille en faveur de la sécurité d’Israël », tout en faisant allusion à la réforme judiciaire de M. Nétanyahou.  

« Sous l’égide du président Joe Biden et de notre administration, l’Amérique continuera à défendre les valeurs qui ont été le fondement des relations entre les États-Unis et Israël, notamment la poursuite de la consolidation de notre démocratie », a-t-elle déclaré.

Les valeurs des deux pays sont « fondées sur des institutions fortes, des contre-pouvoirs et, j’ajouterai, un système judiciaire indépendant », a souligné Mme Harris.

« Si vous lui demandez ce qui la dérange dans la réforme, elle ne sera pas capable de parler d’une seule clause qui la gêne », a réagi mercredi le chef de la diplomatie israélienne, Eli Cohen, dans une interview accordée à la radio publique israélienne alors qu’il se trouve en Corée du Sud.

« La réforme judiciaire israélienne est une question intérieure qui est en train d’être approfondie et débattue », a-t-il affirmé, tout en supposant que Mme Harris n’en avait pas lu le texte, et « l’État d’Israël continuera d’être démocratique et libéral, comme il l’a toujours été ».

« Lien indéfectible »

Selon le gouvernement israélien, l’un des plus à droite de l’histoire du pays, la réforme du système judiciaire vise entre autres à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l’exécutif juge politisée, au profit du Parlement.

Mais ses détracteurs estiment notamment qu’elle risque d’ouvrir la voie à une dérive autoritaire.

Après d’immenses manifestations contre ce projet de réforme, M. Nétanyahou – par ailleurs inculpé pour corruption dans une série d’affaires – a annoncé fin mars une « pause » pour donner une « chance […] au dialogue », mais la mobilisation ne s’est pas essoufflée.

M. Biden avait estimé que le gouvernement israélien ne pouvait pas « continuer sur cette voie » et espéré que le gouvernement « renonce » à cette réforme.

Mme Harris a également renouvelé son soutien à un État palestinien indépendant en déclarant que les Israéliens et les Palestiniens devraient « jouir d’une liberté, d’une prospérité et d’une démocratie égales ».  

Lors de ce gala, Mme Harris était accompagnée de son époux, Doug Emhoff, premier conjoint juif d’un président ou d’un vice-président des États-Unis.  

« Aujourd’hui, sous la direction du président Joe Biden, les États-Unis entretiennent un lien indéfectible avec l’État d’Israël », a-t-elle affirmé.