(Athènes) Quelque 2000 personnes ont été évacuées par bateau de l’île grecque de Rhodes en proie depuis cinq jours à un incendie de forêt, la Grèce vivant « probablement » la plus longue canicule de son histoire, un phénomène qui frappe aussi le sud des États-Unis où les températures continuent de grimper.  

En Grèce où tous les sites archéologiques vont rester fermés aux heures les plus chaudes, comme la célèbre Acropole d’Athènes, les températures attendues tout au long du week-end devraient dépasser les 44 °C.

À Rhodes, un site très touristique où un incendie de forêt est hors contrôle depuis 5 jours dans l’est de l’île autour de Laermon et Lardos, environ 2000 personnes ont été évacuées par bateau et quelque 30 000 autres ont été mises à l’abri dans des gymnases, écoles ou centres de conférence pour la nuit.

PHOTO LOUIZA VRADI, REUTERS

Des touristes visitant l’agora romaine d’Athènes, le 22 juillet

« C’est une situation sans précédent », a décrit sur Skai TV Panagiotis Dimelis, à la tête du conseil du village d’Archangelos.

Dans la soirée, un porte-parole des pompiers Yannis Artopios a indiqué à la chaîne ERT TV que de nouvelles consignes d’évacuation visaient les localités balnéaires de Gennadi et Kiotari. Un propriétaire de bateau a expliqué sur Skai TV avoir reçu « l’ordre des autorités du port de retourner à Gennadi pour d’autres évacuations. Il y a beaucoup de gens sur la plage, plus de 500 personnes ».

Lorsque l’alerte a été donnée en début d’après-midi, de nombreux touristes ont fui la fournaise sur la plage avec valises et enfants. Certains ont raté l’avion de retour à cause des routes coupées par les flammes, selon des posts sur les réseaux sociaux.

Dans l’intérieur de l’île, le feu a gagné le village de Laerma, détruisant des maisons et une église, selon la chaîne ERT TV et l’agence grecque ANA.

« Nous allons probablement subir une vague de chaleur de 16 à 17 jours, ce qui n’est jamais arrivé auparavant dans notre pays », a déclaré Kostas Lagouvardos, le directeur de recherche à l’Institut pour la recherche environnementale et le développement durable de l’Observatoire national d’Athènes, à la télévision ERT.

« Il faut une vigilance absolue […], car les moments difficiles ne sont pas passés », a prévenu le premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

« Nous faisons face à une nouvelle canicule » et « à un éventuel renforcement des vents » qui attisent déjà depuis lundi plusieurs incendies autour de la capitale, a-t-il ajouté.  

En 24 heures, 46 nouveaux incendies se sont déclenchés dans le pays, selon les pompiers.  

À la surface de la mer, le mercure était de 2 à 3 °C au-dessus de la normale, ont annoncé samedi les services météorologiques.  

Progression aux États-Unis

Aux États-Unis, environ 80 millions de personnes vont subir des températures de 41 °C et plus ce week-end, ont alerté les services météorologiques américains (NWS).

PHOTO RONDA CHURCHILL, AGENCE FRANCE-PRESSE

Scott Hughes de Swansea au pays de Galle se prend en photo dans la vallée de la Mort, en Californie, le 16 juillet.

Elles pourraient monter à plus de 46 °C à Phoenix en Arizona (sud-ouest), qui subit actuellement sa plus longue vague de chaleur jamais enregistrée : vendredi, le mercure a dépassé les 43 °C pour le 22e jour d’affilée.

À 500 km de là, en Californie, la Vallée de la Mort et ses températures les plus élevées de la planète attirent les touristes, ces derniers voulant se prendre en photo aux côtés d’un écran affichant des températures toujours plus extrêmes.

Certains attendent que le record absolu sur Terre – 56,6 °C enregistrés à cet endroit en 1913 –, contesté par certains experts, soit battu.

Un homme de 71 ans y est mort en début de semaine et les gardes du parc national de la Vallée de la Mort soupçonnent que « la chaleur a joué un rôle » dans son décès, ce qui en ferait le second de l’année dans ces circonstances.

Pour le reste de juillet, la canicule devrait se déplacer vers le centre des États-Unis, du côté des Rocheuses et des grandes plaines du Midwest, selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).

Au Canada, théâtre d’inondations records en raison de pluies torrentielles, quatre personnes, dont deux enfants, ont été portées disparues dans la province de Nouvelle-Écosse à l’est du Canada, selon la police.

« Certaines régions ont déjà reçu plus de 150 mm de pluie », indiquent les services météorologiques, précisant que des précipitations supplémentaires « de nature tropicale », d’au moins 40 à 100 mm, étaient attendues.  

Le mois de juillet est en passe de battre le record du mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, non seulement depuis que l’on prend des mesures mais aussi depuis des « centaines, si ce n’est des milliers d’années », a déclaré à la presse le climatologue en chef de la NASA, Gavin Schmidt.  

Cela n’est pas seulement dû à El Niño, le phénomène climatique cyclique qui prend sa source dans l’océan Pacifique et entraîne une augmentation des températures mondiales, a-t-il précisé.

Pour ce spécialiste, les températures extrêmes vont persister, car « nous continuons d’émettre des gaz à effet de serre dans l’atmosphère ».

Par rapport à l’ère pré-industrielle, le monde connaît un réchauffement proche de 1,2 °C sous l’effet de l’activité humaine, essentiellement de l’utilisation des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz).