(Stepanakert) La région disputée du Nagorny-Karabakh s’est dotée samedi d’un nouveau président séparatiste, dans un contexte de tensions croissantes entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

Les députés de ce territoire montagneux, peuplé majoritairement d’Arméniens, mais reconnu internationalement comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, ont élu par 22 voix contre une Samvel Shahramanian, 45 ans, jusqu’alors chef du conseil de sécurité du gouvernement séparatiste.

Il succède à Arayik Haroutiounian qui avait démissionné le 1er septembre.

Avant le vote des députés séparatistes, l’Azerbaïdjan avait qualifié la désignation d’un nouveau président comme « une nouvelle étape extrêmement provocatrice ».

« Il s’agit d’une violation claire de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et ce n’est en aucun cas admissible ni tolérable », selon un communiqué du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères.

L’Union européenne a indiqué qu’elle « ne reconnaît pas le cadre constitutionnel et juridique » dans lequel le vote s’est déroulé.

Mais les 27 ont également appelé « les Arméniens du Karabakh à se consolider autour d’un leadership de facto capable et désireux de s’engager dans des discussions axées sur l’obtention de résultats avec Bakou ».

Pour sa part, la Turquie, alliée de Bakou, a pour sa part déclaré qu’elle « ne reconnaît pas cette élection illégitime qui constitue une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan ».

« Cette étape constitue une violation flagrante du droit international y compris les résolutions du Conseil de sécurité et les principes de l’OSCE » (Organisation de la coopération et de la sécurité en Europe), a poursuivi le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

La popularité de M. Haroutounian avait décliné récemment, notamment avec des pénuries suscitées par la fermeture début juillet par l’Azerbaïdjan de la seule route reliant le Nagorny-Karabakh à l’Arménie.

« Les difficultés qui surgissent dans le pays ont érodé de manière significative la confiance dans le gouvernement et en particulier dans le président », avait-il déclaré avant de démissionner.

Cette élection intervient alors que les tensions vont croissant entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, deux pays rivaux du Caucase qui s’accusent d’attaques transfrontalières ces derniers mois.

L’Arménie a accusé jeudi l’Azerbaïdjan de préparer une « provocation militaire » en massant ses soldats le long de leur frontière commune et près du Nagorny-Karabakh.

Elle va accueillir la semaine prochaine des exercices militaires communs avec les États-Unis, un nouveau signe de ses efforts de s’éloigner de son allié traditionnel russe

Vendredi, le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a dénoncé « une nouvelle manipulation politique mensongère ».

L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livré deux guerres pour la souveraineté du Nagorny-Karabakh.

La dernière guerre entre Bakou et Erevan, en 2020, s’était soldée par une défaite de l’Arménie, qui avait dû céder des territoires à l’Azerbaïdjan dans et autour du Nagorny-Karabakh.

Le processus de paix est depuis au point mort, malgré les efforts de médiation de la Russie – un pays à l’influence historique dans cette région –, des Européens et des États-Unis.