(New Delhi) Les dirigeants du G20 réunis à New Delhi ont été invités dimanche à rendre hommage, pieds nus, au Mahatma Gandhi, héros de l’indépendance indienne, au mémorial qui lui est dédié.  

Leur hôte, le premier ministre Narendra Modi, les a accueillis un par un, par une accolade ou une chaleureuse poignée de main, au Raj Ghat, site où le Mahatma a été incinéré en janvier 1948, au lendemain de son assassinat par un idéologue nationaliste hindou.

Chacun a incliné la tête devant le chef de gouvernement indien afin qu’il leur ceigne le cou d’une étole couleur crème.  

Le premier ministre indien les attendait devant une immense photographie en couleurs de l’ashram de Sabarmati, la retraite spirituelle où a longtemps vécu Gandhi, située dans l’État du Gujarat dont est originaire M. Modi lui-même.  

L’ashram est un lieu que nombre de dirigeants ont visité lors de leurs voyages officiels en Inde, à l’instar de l’Américain Donald Trump accompagné de Melania en 2020, ou encore du Britannique Boris Johnson en 2022.

Les dirigeants du G20, dont le premier ministre britannique Rishi Sunak et le président français Emmanuel Macron, ont été ensuite invités à rejoindre, pieds nus, M. Modi, devant une plaque de marbre noir, toute ornée de guirlandes d’œillets d’Inde orange et jaune. Là, une flamme éternelle célèbre la mémoire de l’apôtre indien de la non-violence.  

Le président américain Joe Biden était parmi les chefs d’État et de gouvernement qui ont préféré opter pour des pantoufles en feutre pour se déplacer sur le site, où les chaussures sont interdites en signe de respect.  

Après une interprétation d’un hymne hindou, ils ont observé une minute de silence devant les couronnes funéraires que chaque État a envoyé.

Le mémorial est l’un des sites les plus sacrés de la capitale indienne, où plus d’un million de personnes avaient suivi la dépouille de Gandhi après son assassinat. Depuis, les plus hauts dignitaires de l’État indien y ont été eux-mêmes incinérés.

« Exemple » pour Lula

À la clôture du sommet dimanche, le président brésilien Lula a remercié Modi de lui « avoir donné l’occasion de rendre hommage à ce grand homme » qu’était Gandhi.

« Dans ma vie politique, le Mahatma Gandhi a beaucoup d’importance, la lutte pour la non-violence est un exemple que j’ai suivi pendant de nombreuses décennies quand j’étais dans le mouvement syndical », a déclaré un Lula visiblement ému, avec un sanglot dans la voix.  

C’est au cours d’une prière multiconfessionnelle que le Mahatma Gandhi a été assassiné par Nathuram Godse, un fanatique hindou qui ne supportait pas son attitude d’apaisement à l’égard des musulmans du pays.

Si M. Modi s’est toujours abstenu de soutenir les militants nationalistes qui tentent de réhabiliter la mémoire de Godse, exécuté en 1949, il ne l’a jamais explicitement condamné.

Le premier ministre nationaliste hindou a saisi l’occasion du sommet de New Delhi pour s’afficher derrière la plaque de son pays identifié comme « Bharat ». Cet autre nom de l’Inde remonte aux anciens textes hindous écrits en sanscrit, et son emploi par M. Modi, constitue le plus fort signal à ce jour d’un potentiel changement du nom anglais hérité du passé colonial « India ».

Les hindous constituent l’écrasante majorité des 1,4 milliard d’habitants de l’Inde, mais de nombreuses minorités religieuses, en particulier les plus de 200 millions de musulmans, craignent que M. Modi ne veuille refaire du pays une nation hindoue.  

Le G20 a accueilli officiellement dans ses rangs samedi l’Union africaine (UA), un signal fort pour l’Afrique et une victoire diplomatique pour l’Inde qui s’affiche en leader des pays du Sud.

Narendra Modi, qui a porté l’initiative, redore ainsi son blason à l’étranger, avant de briguer probablement un nouveau mandat aux élections nationales l’an prochain.

Il a également réussi à faire adopter une déclaration finale aux participants du sommet, même si trouver un consensus au sein d’un G20 a nécessité des concessions.