(Nations unies) L’équipe de l’ONU qui a visité le Haut-Karabakh dimanche, pour la première fois depuis environ 30 ans, n’a vu aucune destruction ni recueilli aucun témoignage concernant des violences contre les civils depuis le cessez-le-feu, a indiqué un porte-parole lundi.

Le but de la mission d’une journée, comprenant des représentants de plusieurs agences et services de l’ONU, était d’évaluer les besoins humanitaires dans l’ex-enclave séparatiste arménienne qui a capitulé après une offensive éclair de l’Azerbaïdjan.

Ils ont notamment visité Stepanakert, capitale de la région, appelée Khankendi par Bakou.

« Dans les parties de la ville visitées », l’équipe n’a « vu aucun dommage aux infrastructures publiques civiles, notamment hôpitaux, écoles et logements, ou aux infrastructures culturelles et religieuses », a indiqué le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric, notant toutefois qu’« aucun magasin ne semblait ouvert ».

Ils n’ont pas vu non plus de destruction d’infrastructures agricoles ni d’animaux morts.

« Nos collègues ont été frappés par la soudaineté avec laquelle la population locale a fui, et par la souffrance que l’expérience leur a causée », a-t-il ajouté. Toutefois, « ils n’ont recueilli aucune information, de la part de la population ou d’autres, sur des violences contre des civils suite au dernier cessez-le-feu ».

PHOTO EMMANUEL DUNAND, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un véhicule endommagé et des meubles abandonnés devant une maison à Stepanakert

« Ils ont souligné la nécessité de reconstruire la confiance », ce qui nécessitera « du temps et des efforts de toutes les parties », a-t-il ajouté.

L’équipe de l’ONU, qui retournera « régulièrement » dans la région, a emprunté le corridor de Latchine, seule route entre l’Arménie et le Haut-Karabakh par laquelle ont fui « plus de 100 000 Arméniens ces derniers jours ».

L’équipe de l’ONU a pu en revanche observer des « destructions » à Aghdam, qui fait partie des territoires regagnés en 2020, ainsi que les « efforts de reconstruction » menés par l’Azerbaïdjan.

Les États-Unis ont réitéré lundi leur appel en faveur d’une mission internationale d’observation au Haut-Karabakh, afin de garantir le droit au retour de dizaines de milliers d’Arméniens ayant fui l’ex-région séparatiste.

« Nous réitérons notre appel à une mission d’observation internationale et indépendante » dans l’ex-enclave, afin de « rassurer la population et garantir le droit et la sécurité de tous ceux qui souhaitent y retourner », a déclaré à la presse le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.

Or, a-t-il ajouté, « l’Azerbaïdjan a donné des garanties en ce sens. Nous pensons qu’il devrait y avoir une mission de surveillance internationale sur place pour les observer et les garantir ».

Le porte-parole de la diplomatie américaine a refusé de se prononcer sur le fait de savoir si Bakou avait commis un « nettoyage ethnique » au Haut-Karabakh, comme l’en accuse l’Arménie.

« Nous prenons toute allégation de génocide ou de nettoyage ethnique ou autres atrocités au sérieux. Et nous n’hésiterons pas à prendre des mesures appropriées pour répondre aux allégations d’atrocités et à ce que les responsables rendent des comptes », a-t-il affirmé.

« Mais, comme toujours, la détermination d’un génocide ou d’un nettoyage ethnique est un processus délibéré, basé sur des preuves, et ce n’est pas quelque chose que je peux dire avec une quelconque finalité ici à ce podium », a-t-il dit.

Après une offensive éclair des forces azerbaïdjanaises en septembre, la quasi-totalité de la population arménienne a fui la république autoproclamée du Haut-Karabakh, qui a annoncé sa dissolution au 1er janvier 2024.

Après la fin de l’Empire russe, cette région montagneuse peuplée essentiellement d’Arméniens, qui la considèrent comme ancestrale, fait partie de l’Azerbaïdjan. Elle a proclamé unilatéralement son indépendance en 1991 après la chute de l’Union soviétique, avec le soutien de l’Arménie.

Les séparatistes du Haut-Karabakh se sont opposés pendant plus de trois décennies à Bakou, notamment lors de deux guerres entre 1988 et 1994 et à l’automne 2020. La communauté internationale n’a jamais reconnu la république autoproclamée.