(Le Caire) Un rapprochement entre Israël et les États arabes qui, dans leur majorité, ne reconnaissent pas ce pays, serait « le meilleur moyen d’isoler l’Iran et ses supplétifs », a estimé jeudi au Caire le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

« La sécurité et l’intégration (régionale) d’Israël sont liées à l’ouverture d’une voie vers un État palestinien », a-t-il encore ajouté lors de l’ultime étape de son marathon diplomatique au Moyen-Orient consacré au conflit à Gaza entre Israël et le mouvement palestinien Hamas.

En 2020, trois nouveaux pays arabes – Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Maroc – avaient signé des accords avec Israël, après l’Égypte et la Jordanie en 1979 et en 1994.  

La guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent menée par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, a interrompu un processus similaire de normalisation entamé entre Israël et l’Arabie saoudite.

Aujourd’hui, alors que le pilonnage israélien de Gaza a fait plus de 23 400 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas, « le conflit doit cesser pour que la situation évolue », a plaidé M. Blinken.

À cet égard, il a affirmé qu’Israël avait « démobilisé un nombre important de forces » déployées dans le territoire palestinien assiégé, où le Hamas avait pris le pouvoir en 2007.

M. Blinken a assuré cette semaine avoir obtenu du président palestinien Mahmoud Abbas, rival historique du Hamas et dont l’autorité ne s’exerce que sur certaines parties de la Cisjordanie occupée, une réforme de l’Autorité palestinienne, condition sine qua non posée par les Américains à la réunification des Territoires palestiniens, alors qu’Israël a juré d’éradiquer le Hamas dans la bande de Gaza.  

Les termes de cette « réforme » ne sont toutefois pas clairs alors que de nombreuses voix s’élèvent depuis des années dans les Territoires palestiniens contre ce pouvoir qui devait n’être qu’intérimaire, mais se maintient – sans élections depuis des années – faute d’un horizon pour la création de l’État palestinien.  

La guerre à Gaza a fait environ 1140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien.

Arrivé en provenance d’Israël, M. Blinken a rencontré le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Il est ensuite reparti aux États-Unis après s’être rendu dans neuf pays, dont la Turquie et l’Arabie saoudite, ainsi qu’en Cisjordanie occupée.

M. Blinken, qui a accusé l’Iran mercredi de « soutenir » et d’« encourager » les attaques des rebelles yéménites en mer Rouge, a toutefois déclaré au Caire ne pas penser que « le conflit s’intensifie ».  

D’après lui, aucun des acteurs régionaux ne le souhaite : « ce n’est pas le cas d’Israël. Ni du Liban. Et, en réalité, je ne pense pas que soit le souhait du Hezbollah » non plus, en référence au mouvement armé libanais.  

Des échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah, allié du Hamas, sont quasi quotidiens à la frontière israélo-libanaise depuis le début de la guerre.  

Au terme de sa tournée régionale, M. Blinken a assuré que le rapprochement arabo-israélien qu’il prône permettrait d’isoler Téhéran « et ses supplétifs qui causent tant de tort (aux États-Unis) et à à peu près tout le monde dans la région », en allusion aux attaques des rebelles houthis du Yémen sur des bateaux en mer Rouge. « Je pense que cette vision est très claire pour beaucoup de dirigeants » du Moyen-Orient, a-t-il martelé.