(Genève) La Chine a fait face à de vives critiques de la part des pays occidentaux sur son bilan en matière de droits humains, mardi devant le Conseil des droits de l’homme, mais elle aussi reçu le soutien marqué de ses alliés traditionnels.

Pékin se soumet mardi à Genève à l’Examen périodique universel (EPU), un mécanisme unique propre au Conseil des droits de l’homme, qui voit chacun des 193 pays membres répondre aux critiques, questions et remarques de ses pairs.

La Chine était représentée par une importante délégation, qui a insisté sur le fait que Pékin faisait de grands progrès pour améliorer la vie de sa population, mettre fin à la pauvreté et protéger les droits humains.  

« La Chine considère le respect de la protection des droits comme une tâche importante dans la gouvernance de l’État », a déclaré Chen Xu, ambassadeur de Chine auprès de l’ONU à Genève.  

Mais après ce propos liminaire, les diplomates du monde entier ont eu l’occasion d’exprimer leurs préoccupations, de poser des questions et de formuler des recommandations.  

Les diplomates occidentaux ont particulièrement mis l’accent sur la répression des libertés civiles et sur la loi sur la sécurité nationale instaurée à Hong Kong en 2020 afin d’y réprimer la dissidence.  

Ils ont également exprimé leurs inquiétudes face à la répression au Xinjiang et les efforts pour effacer l’identité culturelle et religieuse des habitants du Tibet, dont est accusé Pékin.

« Crimes contre l’humanité »

L’ambassadeur irlandais Noel White a souligné que son pays était « profondément préoccupé par la répression continue de la société civile en Chine, notamment le harcèlement des défenseurs des droits de l’homme, les restrictions à la liberté d’expression, notamment à Hong Kong, et le traitement réservé aux groupes ethniques et religieux. »

Une attention particulière était portée à la situation au Xinjiang, une région du nord-ouest de la Chine, où Pékin est accusé – preuves à l’appui – d’avoir incarcéré plus d’un million de Ouïghours et d’autres minorités musulmanes.  

La Chine rejette avec véhémence ces accusations, déjà avancées lors de son dernier EPU, en 2018.  

Depuis lors, les preuves se sont accumulées, que ce soit grâce à des ONG ou à un rapport publié par le Haut-Commissariat des droits de l’homme de l’ONU en août 2022.

Ce rapport, catégoriquement rejeté par la Chine, cite de possibles « crimes contre l’humanité », mais sous l’intense pression chinoise, les membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont rejeté l’idée d’un débat sur ce document.

Les défenseurs des droits humains ont exprimé l’espoir que l’EPU pourrait offrir l’occasion de soutenir les conclusions du rapport.  

« C’est l’occasion idéale pour les pays de soulever la question et d’exiger des actions concrètes pour mettre fin au génocide en cours », a déclaré lundi à l’AFP Dolkun Isa, un militant ouïghour basé en Allemagne et président du Congrès mondial ouïghour.  

L’ambassadeur danois Ib Petersen a appelé Pékin à « mettre immédiatement en œuvre les recommandations de l’évaluation (du bureau des droits de l’homme de l’ONU) sur le Xinjiang. »

« Unité ethnique »

Les partisans et alliés de la Chine ont aussi donné de la voix, encouragés par Pékin.

Le représentant de l’Érythrée, un allié traditionnel et inébranlable de la Chine, a par exemple exhorté Pékin à « continuer à défendre le système d’autonomie ethnique régionale et à promouvoir globalement l’unité et le progrès ethniques. »

Le représentant indien a pour sa part demandé à la Chine de « continuer à prendre des mesures pour garantir la pleine jouissance des droits humains fondamentaux par son peuple, à travers un développement inclusif et durable. »

Au total, 163 pays se sont inscrits pour prendre la parole au cours de la session d’une demi-journée, ne laissant à chaque intervenant que 45 secondes pour faire valoir son point de vue.  

Avant l’examen de l’EPU, un diplomate occidental s’était interrogé : « Comment pouvons-nous résumer nos préoccupations concernant la Chine en 45 secondes ? »