Trois employés étrangers d'une organisation humanitaire ont été enlevés dans la nuit de vendredi à samedi au Kenya à la frontière somalienne par des hommes armés qui les ont emmenés en Somalie, où les rapts d'étrangers se multiplient.

Les trois employés, dont on ignorait la nationalité samedi matin, ont été pris dans leur bureau à Mandera (800 km au nord-est de Nairobi), ville située à la frontière avec la Somalie et peuplée essentiellement de Somalis kényans, a-t-on indiqué de sources somaliennes et kényane. «Des miliciens somaliens ont enlevé les trois employés humanitaires à l'intérieur du Kenya et sont entrés en Somalie. Nous enquêtons sur cet incident», a déclaré cheikh Adan Mohamed, responsable de l'administration de la ville somalienne voisine de Bulohawo (300 km à l'ouest de Mogadiscio), joint au téléphone par l'AFP depuis Mogadiscio.

La nationalité des trois étrangers n'a pas été établie dans un premier temps, ni l'organisation pour laquelle ils travaillent. La police kényane s'est refusée à tout commentaire.

«Il y a eu un incident et on nous a dit que trois étrangers avaient été emmenés», a déclaré à l'AFP sous couvert d'aonymat un responsable des services de sécurité kényans.

«Il y a eu une fusillade à leur bureau qui a été attaqué par des hommes armés», a-t-il ajouté, précisant qu'un gardien de nuit avait été blessé par les tirs. «Ils lui ont tiré dans la tête», a ajouté ce responsable, sans pouvoir donner plus d'indications sur l'état du gardien.

Les hommes armés ont ensuite emmené les trois étrangers et «ils sont traversé la frontière», a-t-il poursuivi.

«Nous ne les avons pas encore vus, mais ils ont traversé la frontière», a expliqué de son côté un chef traditionnel de Bulohawo, Adan Wardhere.

En novembre, deux religieuses italiennes avaient déjà été enlevées au Kenya par des hommes armés somaliens dans une localité frontalière et emmenées par leurs ravisseurs en Somalie. Elles avaient été libérées le 19 février.

Des étrangers sont régulièrement enlevés en Somalie, pays en guerre civile depuis 1991, avant des demandes de rançon. Journalistes et humanitaires sont particulièrement visés par ces enlèvements crapuleux.

Lundi, deux agents des services de renseignement français ont été enlevés par des hommes armés dans leur hôtel à Mogadiscio.

Selon le ministre somalien des Affaires sociales, Mohammed Ali Ibrahim, les deux hommes sont au mains des extrémistes islamistes des shebab, qui mènent une offensive sans précédent pour renverser le gouvernement somalien de transition soutenu par la communauté internationale.

Le secrétaire général de la présidence française, Claude Guéant, a confirmé vendredi que les deux hommes étaient détenus par un seul groupe somalien, sans vouloir identifier ce groupe.

«On s'achemine vers des tractations de libération un peu tortueuses et qui peuvent durer», avait-il ajouté, en estimant «vraisembable» qu'il s'agisse d'une «affaire d'argent».

D'autres étrangers sont toujours otages en Somalie, dont deux journalistes détenus depuis bientôt un an.

La journaliste canadienne Amanda Lindhout et le photographe australien Nigel Geoffrey Brennan ont été enlevés le 23 août 2008 par des inconnus armés près de Mogadiscio.

Quatre employés européens de l'ONG française Action contre la faim (ACF) et leurs deux pilotes kényans, enlevés début novembre, sont également toujours otages.