Le gouverneur sortant de l'État d'Anambra, membre de l'opposition nigériane, a été déclaré vainqueur dimanche d'une élection test avant la présidentielle de 2011, qui s'est globalement bien déroulée en dépit de craintes d'irrégularités massives.

Déployés dans ce petit État régulièrement secoué par des troubles politiques, des observateurs ont signalé des anomalies, notamment avec les registres électoraux, mais celles-ci ne semblent pas de nature à fausser le résultat final.

Placé sous haute surveillance policière, le scrutin s'est déroulé samedi dans un climat de tension globale liée à l'absence prolongée du président Umaru Yar'Adua, hospitalisé en Arabie saoudite depuis le 23 novembre, qui suscite des critiques de toutes parts et bloque le fonctionnement du pays.

Des craintes avaient été exprimées sur une possible volonté du pouvoir central de favoriser son candidat au détriment du sortant.

Mais Peter Obi, du All Progressives Grand Alliance party (APGA), un parti d'opposition à l'échelle nationale et gouverneur d'Anambra, a été déclaré vainqueur du scrutin de samedi.

«Peter Obi (...) ayant satisfait à toutes les exigences de la loi et ayant remporté le plus grand nombre de voix, est déclaré vainqueur», a annoncé un responsable de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Josiah Uwazuruonye.

Samedi, des observateurs avaient signalé des problèmes avec les registres électoraux, affirmant que des inscrits n'avaient pas pu voter. Des cas d'achat de voix ont été rapportés et la police a confirmé que des «malfaiteurs» avaient tenté de voler une urne remplie de bulletins de vote.

Mais dans l'ensemble, les observateurs ont estimé le scrutin libre et  meilleur que les précédents à Anambra, un des 36 États du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec environ 150 millions d'habitants.

«Nous pouvons dire que le résultat réflète la volonté du peuple d'Anmabra», a assuré Ikeazor Akaraiwe, qui a dirigé une équipe indépendante d'observateurs.

«Il y a eu plusieurs anomalies, mais le résultat reflète la volonté (des électeurs). Il s'agit d'élections crédibles», a déclaré Akuro George, membre de la respectée Association des barreaux nigérians (NBA). «Le processus électoral a été une avancée compte tenu de ce que nous avons connu par le passé», a-t-il ajouté.

«Le résultat doit être accepté (...) les principaux tricheurs n'ont pas pu sévir», a estimé un haut représentant de l'église catholique qui a aussi observé le vote, dont le taux de participation a été inférieur à 20% selon un calcul de l'AFP.

La présidentielle de 2007, qui a porté au pouvoir Umaru Yar'Adua, avait été marquée par de nombreuses irrégularités. Les réformes électorales promises n'ont toujours pas été adoptées et la commission électorale chargée du vote d'Anambra est la même qu'en 2007.

M. Obi est arrivé devant son principal rival Chris Ngige, membre de l'Action Congress (opposition). Le candidat du Parti démocratique du peuple (PDP, au pouvoir) et ancien gouverneur de la Banque centrale, Chukwuma Soludo, n'est arrivé qu'en troisième position.

Un diplomate occidental a jugé l'élection «meilleure que prévue» compte tenu du contexte à Anambra.

Des observateurs et le gagnant du scrutin ont toutefois dit s'attendre à de nombreuses plaintes devant les tribunaux pour contester le résultat du vote.

«Malgré les méthodes encore désuètes de la Céni», ces irrégularités «ont été minimales», a estimé M. Obi devant des journalistes.