La Libye a libéré mardi deux cent quatorze islamistes, dont trois dirigeants du Groupe islamique des combattants libyens (Gicl) qui s'était rallié à Al-Qaeda, qualifiant cette mesure d'«évènement historique».

«L'État libyen annonce la libération de 214 prisonniers de différents groupes islamistes parmi lesquels 34 du Gicl, dont les trois dirigeants» Abdelhakim Belhaj, l'émir du groupe, Khaled Chrif, le chef militaire, et Sami Saadi, l'idéologue, a indiqué Seif Al-Islam, fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, lors d'une conférence de presse à Tripoli.

La Fondation Kadhafi, que dirige Seif al-Islam, avait annoncé en 2009 que les islamistes détenus dans les prisons libyennes et proches d'Al-Qaeda avaient rompu tout lien avec le groupe dirigé par Oussama ben Laden.

«Avec la libération de ces dirigeants, nous sommes arrivés à l'apogée de notre programme de dialogue et de réconciliation», a-t-il poursuivi en référence à un «dialogue» entamé en 2007 par la Fondation Kadhafi avec les islamistes.

«Depuis le début de ce programme, 705 islamistes ont été libérés mais 409 sont toujours en prison», a-t-il dit, précisant que «232 seront libérés prochainement», dont des membres du Gicl.

«C'est un évènement historique, le processus va continuer jusqu'à la libération des derniers prisonniers», a-t-il encore dit.

«Le bilan des affrontements entre islamistes et forces de sécurité libyennes (dans les années 1990) s'élève à 165 morts parmi les forces de sécurité et 177 parmi les islamistes», a-t-il par ailleurs ajouté.

«Nous sommes sur le point de mettre fin à une période tragique», s'est félicité Seif al-Islam.

«Rassembler les dirigeants du Gicl et la direction de la sûreté intérieure autour d'un thé était un rêve qui vient d'être réalisé», s'est-il réjoui lors de la conférence de presse, à laquelle assistaient Belhaj, Chrif et Saadi.

Seif al-Islam a également salué son père qui a pris la «décision courageuse de libérer les membres du groupe».

Il a indiqué par ailleurs que la libération des membres du Gicl avait été rendue possible suite à une «révision de leur notion du jihad» qu'ils ont publiée en 2009.

Le 15 octobre 2009, la Fondation Kadhafi avait déjà annoncé la libération de 88 islamistes libyens, dont 45 membres du Gicl. Elle avait alors indiqué que ces libérations avaient été obtenues «grâce aux efforts de la Fondation Kadhafi».

Le Gicl avait réaffirmé en 2007 sa détermination à combattre le régime de Mouammar Kadhafi, avant d'annoncer la même année son ralliement au réseau d'Al-Qaeda.

Il était dirigé depuis l'Asie centrale par Abou Laith al-Libi, un des tout premiers lieutenants d'Oussama ben Laden, tué en février 2008 par un missile américain dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan.

Il avait été formé au début des années 1990 en Afghanistan par des militants libyens venus combattre les Soviétiques et restés sur place après le départ de ces derniers.

Son existence a été annoncée en 1995. Il se fixait pour objectif de renverser le régime de Mouammar Kadhafi et de le remplacer par un État islamique radical.

Il s'agissait du deuxième groupe islamiste maghrébin à avoir rallié Al-Qaeda, après le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (ex-GSPC) algérien qui s'est rebaptisé en janvier 2007 «Al-Qaeda au Maghreb islamique» (Aqmi).

Seif al-Islam a appelé par ailleurs les Libyens qui «combattent dans les montagnes algériennes ou les désert du Mali ou de Mauritanie», en allusion aux membres de l'Aqmi, à «jeter les armes et à rentrer en Libye».

«Ils peuvent nous contacter et rentrer chez eux avec la garantie» de ne pas être arrêtés, a-t-il ajouté.

«Vos frères en Algérie ont souffert suffisamment. Vous n'avez pas à les combattre», a-t-il lancé.