Le président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, a été reconduit au pouvoir lundi avec 68,24% des voix à l'issue d'élections controversées qui, selon des observateurs, ne répondent pas aux «normes internationales».

Le président de la région semi-autonome du Sud-Soudan, Salva Kiir, a également conservé son poste à l'occasion de ce scrutin, selon la commission électorale.

«C'est une victoire pour tous les Soudanais», s'est réjoui M. Béchir, dans une allocution télévisée.

Il s'est également engagé à organiser en janvier comme prévu un référendum crucial sur l'indépendance du Sud-Soudan, une étape clé de l'application de l'accord de paix qui a mis fin en 2005 à 21 ans de guerre civile.

«Je confirme que nous allons mettre en oeuvre le référendum au Sud-Soudan à la date précise et on va continuer à oeuvrer pour la paix au Darfour», a déclaré M. Béchir.

Sa victoire était acquise depuis le retrait de ses deux principaux adversaires, Yasser Arman, un musulman laïque défendant la bannière des ex-rebelles du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), et Sadek al-Mahdi, chef du parti Umma dont le gouvernement élu avait été renversé en 1989 par le coup d'État militaire de M. Béchir.

Le retrait de ces deux ténors avait été annoncé après l'impression contestée des bulletins de vote à la présidentielle. Les Sud-Soudanais ont voté à une écrasante majorité en faveur de Yasser Arman, qui a obtenu plus de 20% des voix malgré son boycottage de la présidentielle, selon les résultats officiels.

Lors de l'élection pour la présidence de la région semi-autonome du Sud-Soudan, le sortant Salva Kiir, chef du SPLM, a recueilli 92,9% des voix.

Son unique rival était Lam Akol, ancien chef de la diplomatie soudanaise (2005-2007) et ancien membre de la rébellion sudiste qui a changé à maintes reprises son fusil d'épaule.

M. Béchir souhaitait une victoire sans équivoque à ces élections afin de faire un pied-de-nez à l'Occident et à la Cour pénale internationale (CPI) qui a émis l'an dernier un mandat d'arrêt contre lui pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.

L'élection du président Béchir «prouvera que les allégations contre lui sont fausses», avait indiqué la semaine dernière son influent assistant, Nafie Ali Nafie.

«Cela montrera sans l'ombre d'un doute que la population refuse les positions de la CPI (...) spécialement les Darfouris», avait-il ajouté.

Cette région de l'ouest du Soudan est le théâtre depuis sept ans d'une guerre civile complexe à l'origine de 300.000 morts selon des estimations de l'ONU - un bilan contesté par Khartoum qui évoque 10.000 décès - et 2,7 millions de personnes déplacées dans des camps.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont réagi à la réélection du président soudanais en «rappelant que l'impunité des crimes internationaux les plus graves est et demeure inacceptable».

Les premières élections - législatives, régionales et présidentielle - multipartites depuis 1986 ont été minées par le boycottage d'une partie importante de l'opposition, des accusations de fraudes, et des problèmes techniques qui ont compliqué le déroulement du vote et l'annonce des résultats.

Les observateurs de l'Union européenne et de la Fondation américaine Carter ont estimé qu'elles ne répondaient pas aux «normes internationales» et ont souhaité des améliorations de la part des autorités du Sud-Soudan, région où de nombreux cas de fraudes et d'intimidations ont été enregistrés, en vue du référendum de janvier.