Le chef humanitaire de l'ONU, John Holmes, a achevé dimanche une tournée dans le sud et l'ouest du Soudan pendant laquelle il s'est alarmé de la situation de populations affectées par un déficit alimentaire et à l'insécurité.

Le programme de cette tournée, entamée jeudi, a été bouleversé samedi par une tempête de sable qui a conduit à l'annulation d'une partie des activités et rencontres prévues à El-Facher, capitale du Darfour nord.

Néanmoins, M. Holmes a pu rencontrer samedi à Nyala, dans le sud de cette région de l'ouest du Soudan de nombreux déplacés de la guerre qui dure depuis 2003 et qui a chassé de leurs terres quelque 2,7 millions de personnes.

Le conflit a également fait 300 000 morts, selon des estimations de l'ONU, ce que conteste le gouvernement de Khartoum qui parle de 10 000 seulement.

«La situation est presque la même (qu'il y a un an). Elle connaît des hauts et des bas mais on assiste à plus de combats entre le gouvernement et le JEM (Mouvement pour la justice et l'égalité) et entre le gouvernement et le SLA (Mouvement de libération du Soudan)», a déclaré M. Holmes aux journalistes.

«Mais en même temps, j'ai vu cet après-midi des gens qui ont été réinstallés du camp de Kelma dans cette place appelée Sakali, près de Nyala, et c'est toujours bon de voir des gens recommencer une nouvelle vie», a-t-il ajouté.

M. Holmes a longuement discuté avec les sages et des femmes de Sakali qui ont dit être incapables de regagner leurs localités en raison des attaques.

Ceux qui ont choisi de s'intaller à Sakali sont assistés par l'agence UNHABITAT. Ils utilisent briques pressées moins gourmandes d'eau que celles cuites et qui coûtent 30% moins cher. Elles réduisent l'abattage des arbres utilisées dans les fourneaux des briqueteries, a expliqué Amel Mohammad, une responsable du projet.

Mais ce projet ne peut à lui seul cacher les difficultés des populations du Darfour palpables dans le camp de déplacés Sereif, aux environs de Nyala, où les 13 000 habitants dépendent totalement de l'aide internationale.

M. Holmes a souligné en outre qu'«il y a un problème d'accès aux populations dans les zones lointaines où on n'a plus la même présence qu'avant avec moins d'ONG, et plus d'insécurité».

Il s'est dit «extrêmement préoccupé par le fait que les gens qui vivent dans les camps dépendent entièrement de l'assistance internationale et se trouvent dans l'incapacité de générer des revenus» faute de terres à exploiter.

Selon lui, une «catastrophe humanitaire» est en vue si rien n'est fait pour améliorer le sort des déplacés.

Pour un responsable de la mission de paix conjointe des Nations unies et de l'Union africaine (UNAMID), «il devient presque impossible de se déplacer».

Les actes de banditisme et de criminalité se sont multipliés, en plus des kidnappings, a-t-il déclaré sous le couvert de l'anonymat.

Dans le sud-Soudan, M. Holmes a pu prendre la mesure du déficit alimentaire dans l'Etat de Warrap et s'est félicité de l'engagement du gouvernement semi-autonome d'allouer 35 millions de dollars aux populations dans le besoin.

Après avoir rencontré M. Holmes à Juba, le vice-président du sud Riek Machar a reconnu que la «situation est grave» et promis de tout faire pour y remédier.

Selon le bureau de coordination des activités humanitaires de l'ONU au Soudan «la crise humanitaire dans le sud Soudan, si elle n'est pas résolue, mettra en péril la dernière étape du processus de paix».

Le processus né de l'accord de paix globale (CPA) de 2005 entre Khartoum et la rébellion sudiste culminera avec un référendum en janvier 2011 sur l'autonomie du sud ou le maintien d'un Soudan unifié.