Un employé occidental de l'ONG britannique Oxfam a été enlevé dimanche à Abéché, dans l'est du Tchad, ont déclaré mardi le ministère tchadien de l'Intérieur et un responsable humanitaire.

L'employé a été enlevé par des hommes armés en sortant d'un restaurant d'Abéché, la métropole de l'est du pays où sont concentrées de nombreuses ONG et agences onusiennes venant en aide aux réfugiés du Darfour et déplacés tchadiens, selon une source humanitaire sous couvert de l'anonymat.

L'employé «était en compagnie d'un collègue congolais et de son chauffeur tchadien qui ont été relâchés par les ravisseurs à 70 km à l'est d'Abeché» près de la frontière avec le Soudan, a-t-on dit de même source.

Contacté par l'AFP, le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité Ahmat Mahamat Bachir a confirmé l'enlevement, précisant que «les forces de défense et de sécurité sont à leurs trousses (des ravisseurs). Nous ferons tout pour  retrouver» l'employé.

L'est du Tchad, le Darfour (ouest Soudan) et le nord de la Centrafrique sont le théâtre depuis plus d'un an de nombreux enlèvements de travailleurs humanitaires, exerçant dans cette zone instable. Jusqu'ici, les enlèvements récents dans l'est du Tchad se sont terminés par la libération des otages.

Cette partie du Tchad abrite des réfugiés venus du Darfour en guerre civile et de la République centrafricaine, mais également des déplacés tchadiens, pour un total estimé globalement à environ 450.000 personnes.

L'est du Tchad est en proie aux bandits et «coupeurs de route». Les ONG ont souvent dénoncé leurs conditions précaires de sécurité. En mars 2009, Oxfam estimait qu'il y avait «25 attaques d'ONG» tous les mois dans la zone.

Selon les premiers éléments, l'employé occidental a été enlevé à Abéché même où l'armée tchadienne dispose d'une importante garnison et concentre de nombreuses troupes. Une base militaire française et un camp de la Mission de la Minurcat (Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad) se trouvent également à Abéché.

Cet enlèvement survient alors que le Tchad a obtenu il y a moins de trois semaines le départ de la Minurcat avant décembre avec un désengagement rapide d'ici octobre.

La composante militaire de la Minurcat, qui compte actuellement 3.300 soldats, sera réduite à 2.200 hommes -- 1.900 au Tchad et 300 en Centrafrique -- d'ici au 15 juillet. À partir du 15 octobre, les forces restantes seront progressivement retirées jusqu'au 31 décembre.

Les autorités tchadiennes assuraient que le départ de la Minurcat ne créerait pas un «vide sécuritaire» alors que de nombreuses voix demandaient un maintien de la force.

Le retrait «augmentera l'insécurité dans la zone et minera les tentatives d'assistance humanitaires et de secours» et «mettra en danger la sécurité de milliers de réfugiés et d'autres groupes vulnérables», estimait notamment fin mai Amnesty International.