De 750 000 à 1 million de Sud-Africains blancs ont quitté le pays depuis 1995, selon l'Institut sud-africain des relations raciales. Un exode massif, si l'on considère qu'ils sont environ 4 millions. Un exode douloureux, aussi, puisque ceux qui partent emportent avec eux leur argent, leur savoir et leurs compétences, laissant derrière eux un pays qui en a pourtant bien besoin.

Ils craignent l'avenir. Ils ont perdu confiance en leur gouvernement. Ils sont dégoûtés par la corruption. Mais surtout, ils ont peur. Peur de la criminalité rampante qui sévit au pays. Des viols, des cambriolages, des meurtres, des histoires d'horreur qu'ils lisent tous les jours dans les journaux.

 

Tout le monde est touché par le crime en Afrique du Sud. Et tout le monde a peur. Partir n'est d'ailleurs pas un rêve exclusivement blanc. En 2007, un sondage a montré que 41% des Blancs, mais aussi 38% des Noirs et 42% des métis souhaitent émigrer. Sauf que seuls les premiers, dans une large mesure, en ont les moyens.

Et encore, plusieurs Blancs n'ont ni l'argent ni le passeport qui leur permettraient de s'établir ailleurs. «Environ 85% des Afrikaners ne peuvent pas émigrer, car ils sont trop pauvres», explique Dirk Hermann, secrétaire général de Solidarity, un syndicat qui représente une majorité d'Afrikaners. «Ceux qui partent nous compliquent la vie, parce que nous perdons certains de nos meilleurs cerveaux.»

Les conséquences de cet exode sont en effet désastreuses pour l'économie sud-africaine. Selon les experts, la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée est l'un des principaux freins à la croissance économique du pays. Au gouvernement, un demi-million de postes de fonctionnaires restent vacants puisque personne n'a les compétences requises pour occuper ces emplois!