Les violences électorales qui ont fait un mort et 50 blessés durant le week-end à Conakry, font planer des doutes sur la possibilité de maintenir le second tour de la présidentielle dimanche, près de trois mois après le premier tour du 27 juin.

Les deux candidats en lice pour ce second tour, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, devaient rencontrer séparément, lundi, le premier ministre de la transition, Jean-Marie Doré, pour évoquer la situation, six jours avant le scrutin.

Une autre rencontre entre la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et le ministère de l'Administration territoriale était également programmée, initialement pour finaliser l'organisation de ce second tour.

À la suite des violences ayant opposé samedi et dimanche les partisans de MM. Diallo et Condé à coups de pierres dans les rues d'une banlieue de Conakry, le gouvernement de M. Doré a décidé de suspendre la campagne électorale et d'interdire toute manifestation de rue, au moins jusqu'a ces rencontres.

«Il faut d'abord calmer les esprits. Aucun des deux candidats n'a intérêt à ce que la situation dégénère», a déclaré lundi l'ancien ministre des Affaires étrangères François Lonsény Fall, qui soutient Alpha Condé. Il a souhaité «que la campagne puisse reprendre» et «que les élections aient lieu rapidement».

Interrogé par téléphone depuis Dakar, il a néanmoins rappelé que le camp d'Alpha Condé, rassemblé dans la coalition «Arc en ciel», posait des conditions à sa participation au scrutin.

«Une fois que des mesures correctives seront prises, on ira aux élections. Nous demandons la publication des listes électorales et la création effective de nouveaux bureaux de vote», a-t-il dit.

Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d'Alpha Condé avait contesté de graves irrégularités commises lors du premier tour, M. Condé allant même jusqu'à parler de «fraude gigantesque», imputée à la Céni.

Les violences du week-end ont débuté 48 heures après le jugement d'un tribunal de la banlieue de Conakry qui a condamné deux dirigeants de la Commission électorale, dont son président, Ben Sékou Sylla, à un an de prison ferme pour «fraude électorale».

M. Sylla - malade et soigné à Paris depuis août, selon ses proches - n'était pas présent au procès.

Le RPG demande toujours que la présidente par intérim de la Céni, Mme Hadja Aminata Mame Camara, jugée trop proche du candidat Cellou Dalein Diallo, soit remplacée par une personnalité «neutre».

De leur côté, les partisans de Cellou Dalein Diallo accusent Alpha Condé de vouloir tout faire pour retarder le second tour tour qu'il va perdre, selon eux.

Au premier tour, Diallo, ancien premier ministre sous le régime du défunt autocrate Lansana Conté, est arrivé en tête avec 43,69% des voix. Condé, opposant historique à tous les régimes en place en Guinée, a rassemblé 18,25% des suffrages.

Cette présidentielle - la première élection libre et démocratique de l'histoire du pays - doit redonner le pouvoir aux civils, près d'un an après le massacre de 156 opposants par l'armée le 28 septembre à Conakry.

Le pays est dirigé depuis janvier par un régime de transition chargé de préparer ce scrutin. Le président de cette transition, le général Sékouba Konaté, ne s'est pas exprimé depuis plusieurs semaines.