Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté par consensus à l'issue d'une session spéciale sur la Côte d'Ivoire une résolution dénonçant les «atrocités» commises après les élections de novembre.

La résolution, proposée jeudi par le Nigeria au nom du Groupe Africain, a été adoptée à l'issue d'intenses négociations qui ont duré toute la journée.

Dans sa résolution, le Conseil se déclare «profondément préoccupé par les atrocités et les violations des droits de l'homme commises en Côte d'Ivoire» au lendemain du second tour de l'élection présidentielle «dont des enlèvements, disparitions forcées, détentions arbitraires, exécutions sommaires, actes de violence sexuelle, interdiction des réunions pacifiques, assassinats et destructions de propriétés».

L'élection a été remportée, selon la communauté internationale, par Alassane Ouattara, alors que Laurent Gbagbo a clairement indiqué qu'il entend rester au pouvoir.

A l'issue de négociations marathon marquées par des réticences des pays d'Afrique du Nord selon une source occidentale, les 47 membres du Conseil ont finalement enlevé du projet de résolution l'appel au respect de la «volonté du peuple». Ce que le représentant belge a regretté.

Le Conseil a également décidé de «prendre toutes les mesures appropriées si la situation des droits de l'homme sur le terrain se dégrade» et prie le Haut commissariat aux droits de l'homme de lui «communiquer des informations et de présenter un rapport sur les atteintes et violations des droits de l'homme».

Durant la session, la Haute commissaire adjointe aux droits de l'homme de l'ONU, Kyung-Wha Kang, s'est dite «alarmée par les violences occasionnées» depuis le second tour de la présidentielle le 28 novembre, qui a plongé le pays dans une grave crise.

«Entre le 16 et le 21 décembre, les responsables des droits de l'homme (en Côte d'Ivoire) ont reçu des informations sur 173 meurtres, 90 cas de tortures et mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de disparitions forcées ou involontaires», a-t-elle affirmé.

Jusqu'à présent, l'ONU avait comptabilisé 50 morts et 200 blessés dans les violences entre les partisans des deux présidents proclamés.

Quelque 6.200 Ivoiriens, dont la majorité sont des femmes et des enfants, ont fui vers le Liberia et la Guinée depuis le début de la crise politique, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) qui a indiqué mardi avoir renforcé ses stocks d'aide humanitaire pour être prêt à un afflux éventuel de 30.000 réfugiés ivoiriens dans ces deux pays.