Le sanglant attentat contre une église copte à Alexandrie en Égypte dans la nuit de la Saint-Sylvestre a suscité samedi l'indignation au Proche-Orient et de vives condamnations des responsables politiques en Europe et aux États-Unis.

Le président égyptien Hosni Moubarak a condamné un «acte criminel odieux qui a visé la nation, Coptes et musulmans». L'attentat a fait 21 morts dans la nuit de vendredi à samedi.

La confrérie islamiste des Frères musulmans, première force d'opposition en Égypte, a évoqué des «complots» visant à diviser chrétiens et musulmans d'Égypte.

En Europe, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie ont fermement condamné l'attentat, le président français Nicolas Sarkozy dénonçant un «crime aveugle et lâche», dans une lettre adressée à son homologue égyptien Hosni Moubarak, Londres appelant à une vigilance accrue.

Le président des États-Unis Barack Obama a estimé que «les instigateurs de cet attentat visaient clairement des fidèles chrétiens, et n'ont aucun respect pour la vie et la dignité humaine» en souhaitant que les responsables soient «jugés pour cet acte barbare et abject».

À Rome, lors de la messe du Premier de l'an à la basilique Saint-Pierre, le pape Benoît XVI a demandé aux dirigeants du monde de défendre les chrétiens.

Face aux «tensions menaçantes du moment (...), qui frappent aujourd'hui en particulier les chrétiens, encore une fois j'adresse une invitation pressante à ne pas céder au découragement et à la résignation», a-t-il déclaré.

Au Proche-Orient, dirigeants arabes, autorités religieuses et Israël ont vigoureusement dénoncé cet acte.

L'Arabie saoudite, qui abrite les deux premiers lieux saints de l'islam, a parlé d'un «acte criminel que n'approuvent ni notre religion ni l'éthique et les normes internationales».

En Irak, théâtre le 31 octobre d'une attaque meurtrière d'Al-Qaïda contre la cathédrale syriaque catholique à Bagdad, le député chrétien Yunadim Kenna a redouté des «jours noirs pour la communauté internationale».

L'Iran a également fait part de sa condamnation et a présenté ses condoléances à l'Égypte.

Pour la Syrie, cet attentat vise «le pluralisme religieux en Égypte ainsi que dans d'autres pays arabes» et au Liban, le premier ministre Saad Hariri a appelé à une action arabe concertée face à «un complot visant l'unité de nos peuples».

De son côté, le parti islamiste chiite libanais Hezbollah a dénoncé «un complot dangereux visant la diversité religieuse dans plus d'un pays arabe et musulman». Une crainte partagée par les Palestiniens du Hamas et de l'Autorité palestinienne, cette dernière dénonçant un acte «visant à semer la discorde entre musulmans et chrétiens».

En Israël, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a contacté le président et s'est dit «profondément choqué».

Du côté des responsables religieux, les condamnations se sont également multipliées.

Le patriarche de l'Église copte, Chenouda III, a dénoncé un acte «terroriste» et «lâche» «visant à déstabiliser le pays».

Al-Azhar, la grande institution de l'islam sunnite basée au Caire, a estimé que l'attentat visait «l'unité nationale égyptienne» et appelé chrétiens et musulmans au calme.

Le plus haut responsable religieux chiite au Liban, cheikh Abdel Amir Kabalan, s'est élevé contre «un acte terroriste et antireligieux».

Le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, a appelé au «courage» des chrétiens du Moyen-Orient et le Conseil français du culte musulman (CFCM) a condamné «avec la plus grande vigueur» l'attentat «abject».

Pour le roi Mohammed VI du Maroc il s'agit d'«un crime contre l'humanité tout entière, banni par les valeurs de la religion islamique».