La police du Swaziland a réprimé dans la violence mardi une manifestation interdite contre le dernier monarque absolu d'Afrique, frappant à coup de matraques le millier d'enseignants et d'étudiants qui avaient osé sortir dans la rue.

Les policiers ont envahi les locaux d'un syndicat d'enseignants où s'étaient réfugiés les manifestants, refoulés avec des canons à eau et tirs de gaz lacrymogène, et ont frappé les protestataires avec des matraques, a rapporté une enseignante présente sur place.

«Les policiers frappent les enseignants. Ils tirent des grenades de gaz lacrymogène et frappent les enseignants. Les gens courent partout. Les policiers nous frappent avec des bâtons», a raconté à l'AFP Smangele Mmema, une militante de l'Association nationale des enseignants du Swaziland.

Ce millier de militants avait tenté de rejoindre le centre de Manzini, la principale ville du petit royaume enclavé entre l'Afrique du Sud et le Mozambique, où était appelée une manifestation sans précédent contre le régime.

Mais elle n'a jamais eu lieu. En appui des forces de l'ordre, l'armée a été déployée dans les rues, selon le Réseau de solidarité avec le Swaziland, un groupe pro-démocratie basé en Afrique du Sud.

Le chef de la police, Isaac Magagula, avait prévenu que ses services, l'armée et la justice étaient prêts à affronter les manifestants qui sont, selon lui, infiltrés par des éléments révolutionnaires.

«De tels démons ne seront pas tolérés», a-t-il dit au Times of Swaziland paru mardi, évoquant des militants armés «cachés dans les forêts du royaume» qui seraient prêts à s'emparer du pouvoir par la force.

La police a arrêté treize opposants mardi matin alors qu'ils se rendaient à Manzini, selon Muzi Mhlanga, secrétaire général du syndicat d'enseignants SNAT, lui-même interpellé à un barrage routier.

La Campagne pour la démocratie au Swaziland a de son côté relevé une cinquantaine d'arrestations dans les rues de la ville, tandis qu'Amnesty International a fait part de son inquiétude pour quatre opposants disparus après leur arrestation près de la capitale Mbabane dimanche soir.

La police swazie a en outre brièvement interpellé au moins six journalistes, dont deux reporters de l'AFP, selon un décompte établi par l'AFP d'après les rapports des médias concernés.

Les syndicats et les organisations d'étudiants, seules forces d'opposition tolérées dans un pays où les partis politiques sont interdits depuis le 12 avril 1973, avaient décidé de manifester contre le régime du roi Mswati III, répondant à un appel lancé sur le réseau social Facebook.

Trois jours de manifestations étaient prévus à partir de mardi à Manzini contre le roi qui gouverne le pays d'une main de fer depuis vingt-cinq ans.

Le souverain Mswati III, connu pour ses treize mariages, a perdu le respect d'une bonne partie de la population à cause de ses frasques et de son luxe ostentatoire, qui contrastent avec la grande pauvreté d'un pays dont les finances publiques sont en faillites.