Des attentats attribués à la secte islamiste Boko Haram ont visé le jour de Noël des églises et les services secrets dans le nord-est du Nigeria, y faisant 40 morts dont un kamikaze.

«Ces actes de violence contre des citoyens innocents sont un affront injustifié à notre sécurité et à notre liberté collectives» et «les Nigérians doivent unanimement les condamner», a réagi dimanche le président nigérian Goodluck Jonathan.

Le «gouvernement ne faiblira pas dans sa détermination à déférer devant la justice tous les auteurs des actes de violence d'aujourd'hui et de tous les autres (commis) auparavant», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Le conseiller nigérian pour la sécurité, Owoye Azeazi, a de son côté dénoncé des «attaques lâches et irréfléchies et (...) préméditées» perpétrées, a-t-il dit, par Boko Haram, dont un porte-parole a revendiqué au moins un des attentats.

Ces violences, condamnées par le Vatican comme étant le fruit d'une «haine aveugle et absurde», sont survenues après deux jours d'affrontements, jeudi et vendredi, entre des membres de la secte islamiste et les forces de l'ordre dans le nord-est, qui auraient fait près de cent morts.

L'attentat le plus meurtrier, qui a fait 35 morts selon le dernier bilan en date, s'est produit à l'extérieur d'une église catholique à Madalla, en périphérie d'Abuja, la capitale fédérale.

La vague d'attaques survenue samedi soir et dimanche dans le pays a été revendiquée par Boko Haram, un groupe qui prône la création d'un État islamique au Nigeria et auquel sont imputées la plupart des violences récurrentes dans le nord.

«Nous sommes responsables de toutes les attaques de ces derniers jours, y compris de celle à la bombe contre l'église de Madalla. Nous continuerons à lancer de telles attaques dans le nord du pays dans les prochains jours», a déclaré au téléphone à l'AFP un porte-parole du groupe islamiste, Abul Qaqa.

À Washington, la Maison-Blanche a condamné «la violence gratuite et les morts tragiques le jour de Noël».

L'Allemagne, la France, l'Italie et la Grande-Bretagne ont également dénoncé ces attaques ainsi qu'Israël qui va fournir une aide médicale aux blessés.

Après celui de Madalla, un deuxième attentat a visé une église évangélique de Jos, épicentre de violences intercommunautaires dans le centre du pays, selon un responsable local et des témoins.

«Une bombe a explosé à l'église Mountain of fire. Un policier qui surveillait l'église a été tué et trois véhicules ont brûlé», a déclaré à l'AFP Pam Ayuba, porte-parole du gouverneur de l'État du Plateau, dont Jos est la capitale.

À Damaturu, dans le nord-est, un kamikaze qui a lancé sa voiture contre un convoi des services de renseignement de la police (SSS), tuant trois agents et trouvant lui-même la mort dans cette action, selon un communiqué des SSS.

Une autre explosion s'est produite dimanche à Damaturu, sur un rond-point et, samedi soir, un engin explosif a été lancé contre une église de Gadaka (nord-est) devant laquelle se trouvaient des fidèles, ont raconté des témoins.

Aucune victime n'avait été signalée dans l'immédiat.

Damaturu et Gadaka sont des localités situées dans l'État de Yobe, déjà secoué en fin de semaine par une vague d'attaques revendiquées par Boko Haram.

À Madalla, près d'Abuja, l'attentat a provoqué des scènes de chaos et endommagé l'église Ste Theresa. Des trous étaient visibles dans les murs et le toit était très abîmé. Les murs extérieurs étaient maculés de sang.

Des jeunes en colère ont allumé des feux et menacé d'attaquer un commissariat de police des environs. Les policiers ont tiré en l'air pour les disperser et fermé un grand axe routier.

Boko Haram, qui multiplie et intensifie ses actions depuis des mois, avait revendiqué l'attentat suicide d'août 2011 contre le siège des Nations unies à Abuja, qui avait fait 24 morts.

Le mouvement s'était également attribué la responsabilité d'une vague d'attaques la veille de Noël 2010 ayant visé plusieurs églises et, avec les représailles, ayant fait des dizaines de morts à Jos.

Jeudi, Damaturu et Potiskum, dans l'État de Yobe, et Maiduguri, capitale de l'État voisin de Borno, avaient été secouées par des explosions et des tirs et les violences se sont poursuivies vendredi.

Ces attaques et les affrontements consécutifs avec soldats et policiers pourraient avoir fait jusqu'à 100 morts, d'après une source policière et une ONG.

Le chef d'état-major des armées a été cité disant que les militaires avaient tué 59 membres de la secte.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique (160 millions d'habitants), compte pratiquement autant de musulmans, plus nombreux dans le nord, que de chrétiens, majoritaires dans le sud.

Des observateurs craignent que Boko Haram n'ait développé des liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaïda.