Le président de l'Association des chrétiens du Nigeria (CAN) a averti mercredi que ces derniers répondraient «de façon appropriée» à d'éventuelles nouvelles attaques, après une vague d'attentats attribuée à des islamistes qui ont visé notamment des églises.

«La communauté chrétienne au niveau national n'aura pas d'autre choix que de répondre de façon appropriée si il y a d'autres attaques contre nos membres, nos églises et nos biens», a déclaré le révérend Ayo Oritsejafor à des journalistes.

Il n'a fourni aucune précision sur la «réponse» éventuelle des chrétiens lors de cette déclaration faite au nom de la CAN peu avant un entretien avec le président nigérian Goodluck Jonathan.

Plusieurs attentats dimanche, le jour de Noël, ont visé notamment des églises, faisant une quarantaine de morts. L'attaque la plus meurtrière a tué au moins 35 personnes à la sortie d'une église à Madalla, près de la capitale Abuja, après la messe de la nativité.

Les attaques ont été attribuées par les autorités à la secte islamiste Boko Haram, qui les a elle-même revendiquées.

Les actions de ce groupe sont «considérées comme une déclaration de guerre contre les chrétiens et contre le Nigeria en tant qu'entité», a affirmé le révérend Oritsejafor.

Prônant l'instauration d'un État islamique au Nigeria, Boko Haram multiplie les attaques de plus en plus sophistiquées et meurtrières.

Le révérend a dénoncé une «détérioration de l'état d'insécurité» dans le pays et «l'incapacité apparente du gouvernement à protéger (...) les vies, les églises et les biens de nos membres».

Les autorités ont tenté de rassurer la population après les attentats, dans un contexte de craintes de représailles et d'escalade des violences interconfessionnelles. Elles se sont jusqu'à présent montrées incapables d'empêcher Boko Haram d'agir.

«L'inquiétude de la communauté chrétienne est d'autant plus grande que le gouvernement a lui-même admis savoir qui sont les auteurs de ces crimes. Malheureusement, il n'y aucune arrestation de haut profil pour calmer les angoisses du public à ce sujet», a encore accusé le révérend.

Il n'a donné aucune explication supplémentaire ni fourni de noms.

Le président Jonathan, qui a pris la parole peu après, également devant la presse, a assuré que «tout» était fait pour surpasser cette crise, appelant à un effort collectif pour démasquer les coupables.

«Les terroristes sont des êtres humains (...), ils vivent parmi nous, nous les connaissons, les gens les connaissent», a-t-il dit.

Le chef de l'Etat a aussi assuré qu'en matière de sécurité, «nous faisons de notre mieux, nous allons restructurer, réajuster, nous assurer que nous avons une équipe capable de faire face aux défis que nous rencontrons aujourd'hui».

Le révérend Oritsejafor a par ailleurs jugé que les réponses des autorités musulmanes du pays avaient été «inacceptables».

Le plus haut responsable musulman du Nigeria a assuré mardi «à tous les Nigérians qu'il n'y a aucun conflit entre les musulmans et les chrétiens, entre l'islam et la Chrétienté».

«C'est un conflit entre des gens diaboliques et des gens biens», avait poursuivi le sultan de Sokoto (nord), Muhammad Sa'ad Abubakar, qui dirige le Conseil suprême pour les affaires islamiques du Nigeria.

Boko Haram avait revendiqué juste avant les attentats de Noël une vague d'attaques dans le nord-est qui avaient donné lieu à des combats avec les forces de l'ordre. Des sources ont indiqué que ces violences, jeudi et vendredi derniers, avaient fait jusqu'à 100 morts.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, compte 160 millions d'habitants, dont environ autant de musulmans, majoritaires dans le nord que de chrétiens, plus nombreux dans le sud.